Bituralia, « Wilfried » a glissé au salon des mandataires

N°23 / Été 2023
Journaliste Nicolas Lahaut

On était parti avec la ferme intention d’y faire un reportage responsable. Sauf que voilà : Municipalia, le salon des mandataires à Marche-en-Famenne, lieu de rencontre annuel entre les différents acteurs de la vie locale wallonne, est aussi un véritable bar à ciel couvert. Entre une papote avec Gianni Infantino, le cousin de son homonyme, et un selfie avec Mathieu Michel, on a bu. Beaucoup bu. Un dérapage non contrôlé qui n’est pas sans poser de vraies questions sur l’institutionnalisation de la biture en Belgique.

On a parqué la Toyota Aygo, fabrication 2012, dans le talus, on a rabattu le rétroviseur côté asphalte et on a continué à pied. On aurait bien sûr dû venir en train, déplier notre Btwin orange, deux cents euros cash sur Marketplace, et couvrir en moins de dix minutes les quelques kilomètres qui séparent la gare de Marche-en-Famenne du zoning du WEX. Allez savoir pourquoi : on était persuadé qu’il n’y avait pas de gare à Marche.

On paie le prix de notre ignorance. D’autres aussi. Ce jeudi d’avril, jour d’ouverture de la 18e édition du salon des mandataires locaux « Municipalia », les petites routes de Famenne sont le théâtre d’une tragique allégorie de notre temps : à quatre kilomètres de la destination, paumées au milieu de la rase campagne, des bagnoles, des centaines de bagnoles, une tête de pipe par habitacle, parfois deux, avancent d’une dizaine de mètres toutes les cinq minutes, moteurs ronronnant à l’arrêt, air conditionné sur la position 3, Classic 21 à fond de balle pour ménager les nerfs.

On marche. Sûr qu’à l’arrivée, on mettra une bonne demi-heure au type qui s’est gratté la tempe en nous voyant abandonner notre voiture sur le bas-côté. On en profite pour feuilleter le catalogue de l’évènement. « Un salon où les mandataires et les représentants des collectivités pourront contribuer au bien-être des citoyens », « une vitrine exceptionnelle qui permet aux entreprises wallonnes de présenter leur savoir-faire », « un lieu propice à la rencontre et à l’échange d’informations ».
Aux abords du parking, un policier gère comme il peut le flux de carrosses. « Chaque année, c’est le même bordel. Chaque année. L’année prochaine, je me mets en maladie. »
Le WEX de Marche-en-Famenne, ce n’est pas le Heysel, mais ça envoie quand même. Vingt-trois mille mètres carrés, répartis dans six halls d’exposition, quatre cent vingt entre-prises présentes et des milliers d’élus locaux, cabinettards, ministres, fonctionnaires, prestataires de services et autres pique-assiettes bien au fait du potentiel de l’évènement. Car un élément nous frappe d’emblée, au moment de pénétrer dans le palais 3. Les bars. Les débits de boisson. Il y en a partout.

Wilfried N°23 - Belgique Vagabonde


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