Michel Claise : « La corruption s’est infiltrée dans toutes les strates de l’État »

N°23 / Été 2023
Journaliste Quentin Jardon
Photographe Karoly Effenberger

Juge d’instruction l’hiver et romancier l’été, Michel Claise s’est infligé un défi de mathématicien : réaliser l’addition de tous les sous qui échappent à l’État à cause de la criminalité financière, du trafic de cocaïne à la fraude à la TVA. Avec à la clé ce mystère insondable : pourquoi ces milliards d’argent sale n’intéressent-ils pas le monde politique ? Juge exemplaire pour certains, shérif excessif pour d’autres, le gentilhomme bruxellois élevé dans une boulangerie de Cureghem a acquis une renommée internationale avec son enquête sur le Qatargate, au moment où s’achève sa carrière dans la justice, laissant bientôt une place entière pour l’écriture, le seul exercice où il dit atteindre l’harmonie.

Le palais de justice de Bruxelles sera prochainement débarrassé de l’armature qui l’enveloppe depuis près d’un demi-siècle, ses menuiseries restaurées, sa cour d’honneur réaménagée, mais Michel Claise restera là où il est, dans une aile anonyme du bâtiment Portalis, de l’autre côté de l’ancien mont des Potences. D’abord parce que sa carrière de juge prendra fin bien avant le repeuplement du palais, et puis parce qu’il ne se voit pas ailleurs qu’ici, dans son bureau sans lustre au bout d’un couloir aux plafonds bas, aux néons neutres. On y trouve des dossiers bien rangés dans des étagères austères, une large

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