Bituralia, « Wilfried » a glissé au salon des mandataires

N°23 / Été 2023
Journaliste Nicolas Lahaut

16 h 35,
Stand Cowalca, une triple dont on a oublié le nom

Il a l’œil qui brille. « Cowalca, en gros, on vend toutes des références dans le domaine des solutions pour l’eau potable, l’égouttage, le pompage. » Il se tourne vers sa collègue. « Hé, Micheline, il y a monsieur qui pisse du sable ici. » Il sourit : « Tout le monde vient chez nous parce qu’ils savent que chaque année, on sert de la triple. »

Comme Micheline ne se décide pas, il passe lui-même derrière le bar de l’entreprise familiale namuroise. Appuyé au comptoir, on discute avec une fonctionnaire régionale. Elle nous explique que pour elle, l’affaire Nethys a marqué la fin de l’exagération des festivités au salon des mandataires. On objecte que, tout de même, il y a de quoi faire en 2023. Qu’il n’est d’ailleurs pas impossible qu’on remette nous-même sur le bar, dans les prochaines secondes. « Oui, mais c’est beaucoup plus soft. Il n’y a plus les débordements d’avant. La consommation à outrance. Je ne peux pas vous dire de noms, mais j’ai vu des ministres se mettre minables avec leur cabinet, ici. Et il y avait une sacrée after. Je crois qu’ils n’en font plus désormais. Ça a changé depuis Nethys. »

Avant notre reportage, un cabinettard nous a raconté qu’au salon de cette année-là, en 2017, alors que le scandale venait d’éclater, que Paul Furlan venait de démissionner, on ne parlait que de l’affaire Nethys. L’ancien coprésident d’Ecolo Jean-Michel Javaux, bourgmestre d’Amay en grande discussion avec le bourgmestre MR de Hamoir, Patrick Lecerf, martelait à qui mieux mieux qu’on en faisait de trop avec cette affaire, que c’était déjà dur à vivre pour les Liégeois, que ça tournait à l’acharnement. « Deux ans plus tard, Stéphane Moreau démissionnait parce qu’on découvrait qu’il avait vendu secrètement plusieurs actifs concurrentiels de Nethys. Heureusement qu’on n’a pas écouté Jean-Michel. »

Cette même personne nous a confié ne plus venir par choix à Municipalia. Jamais, en plusieurs éditions, il n’a observé une quelconque utilité professionnelle à l’événement. « On vient ici pour se rincer la gueule. Ce n’est pas justifiable. C’est exactement comme les questions actuelles relatives aux pensions des députés : tous les mandataires qui ont un minimum d’intégrité savent que ce genre de chose ne devraient plus exister. Mais la vieille école prétend encore que quand tu dis ça, tu t’attaques à la démocratie. »

Wilfried N°23 - Belgique Vagabonde


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