Bituralia, « Wilfried » a glissé au salon des mandataires

N°23 / Été 2023
Journaliste Nicolas Lahaut

13 h 12,
Stand Back2buzz, rhum arrangé

Morne plaine, au stand du parlement wallon. Pas un chat. Un bol où ramollissent des chips au sel. Il faut s’y reprendre à plusieurs fois pour tomber sur le student de corvée pour l’impression des photos-souvenirs. Tandis qu’on se fait tirer le portrait derrière une reconstitution de la tribune parlementaire, les joues déjà rosies par la première quille, l’étudiant nous explique qu’avec l’actu chaude des derniers mois, les scandales de train de vie somptuaire sur fonds publics mené par le greffier et ses amis, le parlement wallon a dû se faire petit au salon. « Avant, on était au milieu du palais 3 avec six représentants, du champagne, des petits fours. On distribuait des goodies. Là, on la joue plutôt discret. » Here comes the blues again.
On flâne entre les différents emplacements, ici une société d’entretien des chemins agricoles, ici un système de sécurité anti-voiture bélier, là du matériel pour l’assainissement des eaux, là une machine de marquage routier. « J’ai vu des salons du vin où il y avait moins à boire à l’œil », nous souffle notre ami fonctionnaire.
À hauteur du stand Back2buzz, on croit sincèrement tomber sur des négociants en

On flâne entre les différents emplacements, ici une société d’entretien des chemins agricoles, ici un système de sécurité anti-voiture bélier, là du matériel pour l’assainissement des eaux, là une machine de marquage routier. « J’ai vu des salons du vin où il y avait moins à boire à l’œil », nous souffle notre ami fonctionnaire.

À hauteur du stand Back2buzz, on croit sincèrement tomber sur des négociants en spiritueux : une flopée de jolies bouteilles, du rhum antillais, de l’eau-de-vie de grain. Il n’en est rien. La société propose des smartphones reconditionnés et un service de traduction. « On remet à neuf des téléphones. Ça se veut durable.
— Ça se veut ?
— Euh, ça l’est.
— Et donc vous ne vendez pas de rhum.
— Non mais on va vous en offrir un verre par contre. Celui-ci est super bon. »

Elle nous remplit un godet de tantine, chargé comme un mulet des Pyrénées. On finit à peine d’abréger ses souffrances quand on croise René Collin, député Les Engagés parachuté à Marche-en-Famenne, ancien ministre de l’Agriculture et des Forêts : « À mon époque, contrairement aux pratiques de Mme Tellier et consorts, on n’ennuyait pas les communes avec mille appels à projets compliqués, il y avait un droit de tirage et tout le monde était content. » On se souvient que La République en marche d’Emmanuel Macron avait beaucoup inspiré Maxime Prévot, son président de parti, et on lui fait la vanne du député marchois marcheur. Elle ne suscite pas tout à fait l’effet escompté. On continue de ramer : « Une affaire qui marche, le salon des mandataires ? »

René Collin nous rappelle que l’événement a été initié en 2005 par un autre Marchois, le ministre socialiste Philippe Courard, qui avait alors les Pouvoirs locaux dans ses compétences, à l’époque où on les appelait encore Affaires intérieures. Il y avait alors une demande des municipalistes d’être davantage informés. Ceux-ci semblaient convaincus par l’initiative, puisqu’ils sont revenus chaque année plus nombreux. À tel point que d’autres villes, comme Charleroi, ont tenté mais sans succès de chiper l’événement à Marche-en-Famenne. « Ce n’est pas étonnant, tous ces bars partout ?
— Les gens savent se tenir. Puis c’est un lieu de convivialité où ils peuvent se croiser, réseauter. Il y a ici des gens que je ne rencontre qu’une fois par an.
— Mais faut-il pour autant servir de l’alcool gratuit à tous les stands ?
— Regardez celui du parlement wallon. Il n’y en a pas. Et il n’y a personne. »

Wilfried N°23 - Belgique Vagabonde


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