Bien avant le covid, un virus redoutable a circulé en Belgique, causant des milliers de morts. Parmi les survivants, beaucoup sont restés handicapés à vie. Edmond Cornet, jeune militaire belge contaminé à l’été 1953, fut l’un d’entre eux. Près de septante ans plus tard, un énigmatique « poumon d’acier » croisé dans un musée a poussé son fils, journaliste, à rechercher les traces de cette épidémie oubliée. Une quête à la fois intime, historique, géographique. Qui l’a mené à Verlaine-sur-Ourthe, le village des origines familiales, dans une Ardenne où rôde encore l’ombre de la guerre.
Cela devait être il y a huit ou neuf ans. Dans un musée londonien, après la visite d’une expo décevante sur les pharaons, une déambulation dans les vastes couloirs récitant l’ex-Empire britannique, je me plante devant une large cage de verre protégeant un étrange engin aux courbes barbares. Un poumon d’acier, invention américaine des années 1920. On dirait une essoreuse géante mais placée à l’horizontale. Un cliché noir et blanc vintage apposé à la vitre montre comment le corps d’un malade de la poliomyélite est intégralement allongé dans la carcasse métallique. Seul le visage dépasse du tube. Afin que le