Drôle de mois de juin pour Philippe Lamberts. D’abord la déculottée phénoménale d’Ecolo dans les urnes, ensuite la fin de son mandat au Parlement européen qu’il dit avoir quitté « par la grande porte », enfin les médecins qui lui diagnostiquent un cancer. Et puis ce mémorandum de 60 pages qu’il adresse aux membres d’Ecolo, façon de leur dire pourquoi, d’après lui, le parti est retombé sur ses scores de 1981.
Pour « Wilfried », l’ancien coprésident du groupe des Verts à l’Europe revient sur les causes qu’il donne à cette déroute. Carriérisme, système oligarchique, ton moralisateur, piteuse popularité des leaders… Le bulletin est sans merci. Mais pas dénué d’espoir. Et adouci par le soleil de fin d’été qui décline sur les hauteurs de Gesves, rayonne à travers sa maison qu’il a baptisée Cul-de-Sac — comme celle de Frodon.
Il nous reçoit en sandales de cuir, en chemise, la peau brunie par le soleil. Un peu gentleman farmer, un peu pèlerin. Philippe Lamberts passe désormais le plus clair de son temps, avec son épouse, du côté de Gesves, aux portes du Condroz. On accède à la maison par une étroite route escarpée — ce qu’on nomme une tienne, dans le Namurois. La vallée du Samson sinue en contrebas. Une douceur méditerranéenne flotte dans l’air. Des pins de Corse entourent le jardin. « C’est devenu l’épicentre de notre vie. Bruxelles, c’est pour les affaires courantes », résume le maître des