Elle est, avec sa jumelle flamande, la province la plus jeune du pays. La plus petite, aussi. Et surtout la plus riche. Née voici trente ans, elle présente depuis sa création, parmi toutes les régions d’Europe occidentale, la plus forte croissance économique. Un tel niveau de prospérité ne pouvait se gagner sans une brutale transformation de la morphologie du paysage. Urbanisation boulimique, gonflement dingue des prix de l’immobilier, congestion des voiries, recul constant de la nature : malgré sa qualité de vie « exceptionnelle », le Brabant wallon menace de n’être plus qu’une extension géante de Bruxelles, une base arrière peuplée de nantis. À l’approche des élections communales et provinciales, « Wilfried » a traversé à pied cette province « de bric et de broc », ce « non-pays » sans identité, sans homogénéité sinon le bleu du MR qui la peinturlure de part en part. Une randonnée de 80 km pour débusquer les contrastes, rencontrer l’habitant, inventorier ce qu’il reste de faune et de flore, ressentir les vibrations du territoire. Dormir parmi les rats. Boire de la chicorée avec Louis Michel. Souffrir d’une chiasse foudroyante. Se faire éconduire au golf de Waterloo. Et, comme une quête entêtante, chercher une réponse à cette question bien plus vieille que le « Béwé » : quelle société veut-on, à la fin ?
Ça te rappellera tes hike chez les scouts, quand vous borniez comme des animaux migrateurs du lever au coucher du soleil, que vous pieutiez chez l’habitant. Ça te rappellera ta jeunesse, puisque c’est ici que tu as grandi. Que s’est construit ton rapport au monde. Tu ressentiras sans doute, comme souvent lorsque l’on retourne sur les terres de son enfance, un mélange de tendresse et de répulsion. Tu marcheras et tu verras, et tu comprendras des choses que tu ne pouvais pas voir, ne pas comprendre avec tes yeux de gamin. Tu traceras ta route. Tu réciteras un extrait d’Espèces