Plus de prisons, sur des bateaux s’il le faut. La Belgique, façon Arizona, songe déjà à multiplier ses établissements pénitentiaires pour faire rentrer tout le monde. On les garnira de murs aux jolis noms, de plantes vertes, de quelques coups de pinceau, comme on l’a fait à Raeren. Et comme à Raeren, ces murs peineront à voiler l’asphyxie qui règne en leur sein. Dans sa nouvelle chronique, l’anthropologue Delphine Pouppez sonne l’alerte : détenus et gardiens sont épuisés. Et le souffle sécuritaire qui nous guette ne risque pas d’aider.
L’échine suante des dix bornes que je viens d’avaler sur mon vélo, sous un soleil bien trop chaud pour une fin d’octobre, je déverrouille une dernière fois mon téléphone avant de le caser pour la journée dans un casier sécurisé. Bip-bip, une notification de La Libre, des messages ahuris sur mes groupes WhatsApp militants. « Bateaux-prisons, villages de conteneurs, nouveau Masterplan : les petites idées de l’Arizona pour lutter contre la surpopulation carcérale ». Je relis deux fois le titre, trois fois, m’enfonce dans l’article, heureusement clairvoyant. Favoriser les expulsions des détenus étrangers, louer des cellules hors des frontières, entasser les délinquants