Lors de sa venue récente en Belgique, le pape François annonce l’ouverture du procès en béatification du roi Baudouin. Dans la stupeur générale, il en profite pour s’en prendre à la loi belge sur l’IVG, qu’il juge meurtrière, et qualifie de « tueurs à gages » ceux qui pratiquent ces interventions. Ce qu’on sait moins, c’est qu’en 2021, l’Église a discrètement entamé une autre procédure de béatification : celle de la sœur irlandaise Veronica O’Brien, missionnée au début des années 1960 pour trouver une femme au roi Baudouin. Pour la première fois depuis son décès, en février 1998, celle qui répondait au nom de code de « Grace » accepte de se livrer en détail sur un épisode peu connu de l’histoire monarchique belge.
Veronica O’Brien a vécu sobrement, ombre influente dans le cercle des grands hommes de l’Église catholique et du Renouveau charismatique. Vêtue d’un habit sombre qui lui fait gagner un temps précieux chaque matin, elle porte pour seul bijou visible une bague figurant une colombe (le Saint-Esprit) recouvrant de ses ailes un diamant (Marie). Une allure austère que tranche ce quelque chose de malicieux dans le regard, dans le sourire, dans le verbe qu’elle a haut. Quand on la rencontre, cela fait vingt-six ans déjà qu’elle a perdu la vie, au noble âge de 93 ans, à Wemmel. Veronica, avant toute chose,