On aurait pu croire, à la fin des années septante, que la côte belge ne changerait plus jamais. Qu’on avait assez construit et qu’il n’y avait plus qu’à profiter. Une large digue, des plages immenses, des loueurs de cuistax, des cassolettes de moules et quelques dunes miraculées. C’est toujours vrai aujourd’hui et ça ne l’est plus du tout : les traits de côte ont la bougeotte. La mer monte. La population vieillit. Est-ce par peur de l’avenir que les habitants se sont mis à voter massivement pour le Vlaams Belang, encore plus qu’ailleurs ? Pour s’imprégner de ces métamorphoses, « Wilfried » s’est lancé dans un longe-côte de 67 km en empruntant la plus longue ligne de tram au monde, jamais loin de la grande muraille de buildings et jamais loin non plus des fournisseurs de glaces et de « garnaalkroketten ».
L’homme qui pille la mer qui pille l’homme La côte belge ne commence pas à la borne frontière, le point le plus au nord de la France, un morceau de pierre que les vents ensablent et les promeneurs époussettent, petit bras de fer rigolo entre l’humain et la nature qui dure depuis 1819, si l’on en croit la date gravée dans le gros caillou à une époque où la plage, à compter d’ici, appartenait au royaume des Belgiques. Elle ne commence pas, toujours dans cette lande de dunes bien trop sauvage, absurdement livrée aux éléments, elle ne commence pas davantage