À Varsovie, à Vienne, à Prague, Maurice Maeterlinck, Amélie Nothomb et Jean-Philippe Toussaint côtoient Franz Kafka, Olga Tokarczuk, Stefan Zweig. Les grands noms des lettres francophones de Belgique bénéficient d’une diplomatie culturelle implantée depuis longtemps dans les universités d’Europe centrale, annihilée par de récentes décisions politiques de la Fédération Wallonie-Bruxelles. Particulièrement en Pologne, voisine de l’Ukraine en guerre, où les étudiants apprécient les romanciers belges et leur imaginaire des marges, ouvrant à une Europe du brassage, mouvante, kaléidoscopique. Pour « Wilfried », l’écrivain Philippe Marczewski a sorti son dictionnaire polonais-français et pris un train vers ses racines orientales. Voici les carnets d’un voyage qui, déambulant à travers la « Mitteleuropa » et les siècles de sa grande histoire, engage la puissance de la littérature comme miroir de notre place dans le monde.
Quand on regarde une carte de Cracovie, la ville semble posée dans un repli de la Vistule comme dans une poche. Au fond de cette poche, entre la rivière et la longue avenue Józefa Dietla, se trouve Kazimierz, qui fut le quartier juif de la cité avant que l’occupant nazi ne le vide de ses habitants pour les enfermer sur l’autre rive, dans le ghetto de Podgórze, et de là les envoyer à la mort à Bełżec, à Plaszow et à Auschwitz. Après de longues années d’absence, peu à peu, une population de familles orthodoxes s’y réinstalle, faisant vivre à