Bourdon, voilà un mot qui colle à la tonalité des derniers mois dans le monde. L’écrivain liégeois Philippe Marczewski lutte contre le sien, et contre l’oubli d’un peuple, en jetant une pleine lumière sur des musiciens palestiniens qui ont vu leurs cassettes détruites, leurs vinyles confisqués par l’armée israélienne. Des artistes qui, au fil des ans, voient nombre
de leurs collègues photographes, cinéastes ou écrivains être arrêtés, emprisonnés, tués. Pièces choisies d’un héritage musical en danger d’enfouissement sous les bombes.
Je réfléchissais au mot bourdon. C’est un joli mot, esthétiquement parlant. Et qui désigne des choses si différentes. Le bourdon, par exemple, c’est le bâton de marche du pèlerin. Et c’est le bel insecte hyménoptère de la famille des abeilles. C’est aussi le nom des grosses cloches qui ont un son très grave. Et puis le bourdon, c’est le cafard, évidemment. La tristesse invincible. L’humeur noire. Comme dans : cette époque dégueulasse me file le bourdon. C’est un mot qui colle bien à l’actualité, bourdon. À l’heure à laquelle j’écris ces lignes, septembre est une voie rapide vers le cauchemar.