Les derniers mois, pressé par la nécessité de refonder le PS désavoué par une partie de ses électeurs, Paul Magnette a lu. Beaucoup lu. De cette introspection estivale, il ressort avec une certitude : la gauche a un projet solide, mais plus de stratégie. C’est sans doute ce que le président des socialistes envie le plus au nationalisme flamand de Bart De Wever. Et ce qui devra permettre à la gauche européenne de repousser le « fascisme contemporain », moins violent que celui de Mussolini, mais tout aussi dangereux. À l’heure où l’extrême droite a pris le pouvoir dans plusieurs États occidentaux, Paul Magnette affirme que la Belgique n’échappe pas totalement au phénomène : « Pratiquement tous les éléments de l’extrême droite se retrouvent dans la ligne actuelle du MR. »
En octobre 2022, un débat original et dense, inhabituel dans son format, s’était déroulé dans la grande salle de l’Éden, à Charleroi. Le thème : l’écologie est-elle soluble dans le capitalisme ? L’événement avait mis aux prises Paul Magnette et Daniel Tanuro. Ce dernier, ingénieur agronome et théoricien de l’écosocialisme, avait poussé dans ses retranchements son interlocuteur d’un soir. Le président du Parti socialiste s’était alors récrié : « Sur le fond, je suis largement d’accord avec vous, mais comment allez-vous faire ? » Et d’enchaîner sur cette considération : « On ne parle pas assez des questions de stratégie.