C’est un voyage à la lisière et une traversée du temps. Sept étapes. Pendant une semaine, le reporter de Wilfried a longé à vélo la frontière franco-belge. Hébergé chaque soir par des habitants, il raconte ce qui ne se révèle jamais si bien que dans les zones de frottement, de perméabilité. Tout contre ce voisin français si loin, si proche.
La Belgique se cherchait un gouvernement depuis bientôt six mois. L’automne tirait sur l’hiver. Aux sentiments personnels, à la misère ordinaire des jours et aux délicats bonheurs glanés à la sauvette, s’ajoutait une incertitude collective : quel pays demain ? Peu s’affolaient. La crise politique, le vide du pouvoir ne conduisaient à aucun drame apparent. L’essentiel fonctionnait : le ramassage des ordures, la circulation des bus et des trams, les piscines, les crèches, les écoles, les centres d’accueil pour demandeurs d’asile, les autoroutes, la téléphonie mobile, les compétitions de cyclo-cross, les marches féministes… Le flux sociétal circulait à vitesse connue, ni