Bichara Khader a passé les vingt premières années de sa vie dans un village chrétien de Cisjordanie, et les soixante qui ont suivi en Belgique, au terme d’un voyage sans retour. Mais jamais la Palestine, à la fois sa passion et son chagrin, n’a quitté son coeur. Devenu professeur à l’UCLouvain, il lutte chaque jour à sa manière pour les droits de son peuple, et contre une machine d’occupation israélienne devenue à ses yeux « inarrêtable ». Une cause que son frère Naïm, jadis proche de Yasser Arafat, a payée de sa vie.
Depuis son arrivée en Belgique en 1965, Bichara Khader est l’une des rares voix palestiniennes à percer dans le débat public. L’un des seuls à avoir franchi le mur de silence derrière lequel sont souvent enfermés ses compatriotes. Car c’est l’une des singularités et l’un des drames du conflit au Moyen-Orient : des tas de gens parlent des Palestiniens, sur un mode sentencieux ou vindicatif, mais on entend rarement les Palestiniens eux-mêmes. Professeur à l’Université catholique de Louvain, Bichara Khader a enseigné à plusieurs générations d’étudiants la complexité historique et politique d’une terre disputée, déchirée, entre Méditerranée et Jourdain. Avec