La qualité de vie dans la capitale est-elle en déclin ? Dans un texte très commenté au début de l’année 2025, l’économiste Bruno Colmant soulevait la question d’un « mal vivre » croissant dans un Bruxelles de plus en plus fracturé. Nous la republions ici assortie d’une réponse élaborée par le philosophe Philippe Van Parijs, pour qui les immenses défis auxquels la ville doit faire face sont la rançon de son succès.
Bruxelles va mal par Bruno Colmant Je suis Bruxellois depuis près de trente-cinq ans, et avec beaucoup de bonheur. Mais c’est indéniable : un profond sentiment de mal vivre se diffuse partout. Cela va au-delà des tirs nocturnes, reflets eux-mêmes d’un malaise politique, policier (dont le travail extrêmement difficile n’est pas suffisamment reconnu pour les bienfaits qu’il prodigue) mais aussi judiciaire, qui lui-même se télescope avec la surpopulation carcérale, une réalité que les responsables politiques refusent d’affronter avec courage. Mais c’est plus général : la ville devient salie, encombrée de travaux dont il est impossible qu’ils soient coordonnés, et puis,
