Ne parlez pas de Mocro Mafia

N°22 / Printemps 2023
Journaliste Nicolas Lahaut
Journaliste Nicolas Taiana
Journaliste Laura Manne

On leur a donné un nom qu’ils n’ont pas choisi. On les a stigmatisés, mais il ne s’agirait pas non plus d’en faire des enfants de chœur. Encore moins des petites frappes écervelées. Cela dit, leur ascension dans le trafic de coke a de quoi faire perdre les pédales : en quelques années à peine, ils sont passés du rang de dealers d’herbe douce à celui de barons de la poudreuse, commanditant le business depuis Dubaï, avec des relais installés jusqu’en Colombie et une vive concurrence entretenue avec les clans albanophones ou italiens. Eux, ce sont les leaders de ladite « Mocro Maffia », une appellation bancale qui n’a d’autre sens que de rappeler leurs origines marocaines. Tout ça parce qu’à la base, des hippies voulaient tranquillement tirer sur leurs joints…

Il pose deux doigts sur sa tempe, adresse un signe de la main depuis la chaise haute qui le place à bonne hauteur du comptoir et d’une demi-chope déjà plate. Il dit : « Vous savez j’ai travaillé sur des cargos, à l’époque. » Son anglais est strié de r déglutis, comme des crachats, on dirait qu’un fragment de cacahuète lui chatouille les amygdales. Les enceintes encastrées dans la boiserie des murs du pub, non loin de la gare d’Anvers-Central, jouent un morceau des Clash. Il nous fait signe d’approcher. « Dans les années 1980, on en passait comme pour

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