Au gré des jets de grenade et des fusillades, des enlèvements et des membres découpés, la violence des narcotrafiquants et les règlements de comptes entre clans rivaux rythment le quotidien des Anversois. En plein jour s’il le faut. Au point que Vincent Van Quickenborne, confiné deux fois en l’espace de trois mois, s’enflamme et parle de « narcoterrorisme ». Mais à Anvers, la violence reste surtout plus décomplexée donc plus visible qu’auparavant, souvent diligentée depuis les Pays-Bas et perpétrée par des jeunes, qui se trompent régulièrement de cibles. Retour sur une bonne dizaine d’années de Far West en métropole.
C’est un fracas à rendre sourd, un silence dépecé. Comme si quelqu’un ou quelque chose cherchait à enfoncer un mur, une cloison, un truc en dur. Assis dans son canapé, Vince* percute : des poings matraquent la porte d’entrée, des ombres filent derrière les fenêtres. « Police ! Vous avez cinq secondes pour ouvrir ! » Vince se précipite vers le hall, appuie sur la poignée, ouvre la voie. Une bonne dizaine d’agents pénètrent les lieux, sans prendre la peine d’essuyer leurs semelles. Tandis qu’ils transforment l’appartement en brocante, un homme fixe Vince d’un regard froid. « C’est très grave,