Sur le ton de la rigolade, on les appelle « pouvoirs obscurs », « barons locaux », « vieux P.O. », « notables des villes ». D’aucuns disent qu’ils mangeraient les enfants. Sauf que parmi les enseignants des écoles catholiques, leur personnel, leur direction, certains ne se marrent pas du tout. Héritiers d’une vieille époque où les curés et les bonnes sœurs régnaient en maîtres sur leur institution, les membres des pouvoirs organisateurs des écoles libres, tous bénévoles, peu connus du reste de la communauté scolaire, se choisissent entre eux, hors de tout cadre démocratique. Et ont pratiquement tous les droits. Beaucoup d’emmerdes, aussi. Qui sont-ils ? « Wilfried » a pénétré un monde éclaté où la philanthropie et la bienveillance font parfois place aux guerres d’ego, à l’opacité, à l’entre-soi bourgeois et à un manque de compétence étonnant.
Il devait être 16 h et l’été allait bon train. Je revenais d’une séance de quilles finlandaises qui m’avait valu une dérouillée des familles ; j’étais bougon. J’étais venu visiter une connaissance dont le dernier rejeton, Léa, s’apprêtait à entamer sa troisième année dans une école primaire catholique du Namurois. Pour passer ma mauvaise humeur, j’avais commencé à taper dans le goûter de l’enfant, un pain perdu parfumé au Grand Marnier. La rentrée se profilait dangereusement et la discussion avait dévié sur les pouvoirs organisateurs des écoles, les fameux P.O., dont bon nombre de parents, d’élèves et même d’enseignants ne