Petra de Sutter : « Celles qui estiment que je n’ai rien à faire dans les rangs du féminisme ne savent pas qui je suis. »

N°24 / Automne 2023
Journaliste Catarina Letor

Le monde entier a fait sa connaissance lorsque les médias l’ont présentée comme « la première ministre transgenre de l’histoire de l’Europe ». En Belgique, c’est à peine si on était au courant, car peu importe. Les questions de genre sont pourtant, ici comme ailleurs, dans le débat public et les tribunes politiques, sources de puissantes frictions, comme si deux façons de « faire société » se percutaient. Petra De Sutter, d’abord gynécologue, aujourd’hui ministre fédérale, observe ces mouvements de plaques avec inquiétude. Et avec un argument d’autorité que les autres n’ont pas : elle sait d’expérience ce que c’est d’être perçu comme un homme puis comme une femme.

D’aussi loin qu’elle s’en souvienne, Petra De Sutter s’est-elle toujours sentie femme ? C’est peut-être une bêtise de formuler cette question, parce que la réponse tombe probablement sous le sens, et que la vice-Première ministre, à force de se l’entendre poser, pourrait presque l’intégrer dans une FAQ sur son site internet. Mais la naïveté est souvent le plus court chemin vers la sincérité, l’essence des choses. C’est donc par ce bout que nous avons choisi d’engager la conversation, alors que sur notre table quasi nue stationnait un bol à couverts propres, bientôt une eau citronnée. « Vous pensez vraiment que

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