Peut-on faire de la politique sans parler de bouffe ? Et peut-on bouffer sans faire de la politique ? Non, deux fois non, et c’est pour cette raison que « Wilfried » lance une tournée de gueuletons avec quelques-uns des principaux dirigeants et dirigeantes du pays. Le principe est simple : la rédaction se fait inviter – mais paie volontiers l’addition – dans un lieu de sustentation choisi par l’élu(e), étoilé ou sombre troquet, fritkot ou food-truck. Première sur la liste, Zakia Khattabi, ministre fédérale de l’Environnement, a eu le chic de nous recevoir chez elle à Bruxelles, un soir de septembre. Sans préciser au préalable quel serait le menu. Alors nous avons tout imaginé, le waterzooi de poulet, le couscous-merguez, la pizza végétarienne et même le sanglier à la broche posé sur la nappe. Mais comment faire, quand on a tant de choses à se dire, pour ne pas parler la bouche pleine ? Notre hôte a trouvé la parade.
Il flotte dans l’air chaud de la soirée naissante comme un effluve de fin de cycle, un moment de batte-ment confus duquel émergent toutes sortent d’émois ; la nostalgie du sable et des montagnes, l’ivresse de la rentrée, l’appréhension qu’enfantent les futurs incertains. Les façades d’Ixelles, d’Etterbeek, restituent la chaleur accumulée la journée, les gosses qui tapaient le cuir au parc du Viaduc rentrent souper au bercail. Il est trop tôt dans l’année pour évoquer l’été indien, mais il y a quelque chose de cela dans ce soleil bien rond qui s’écrase, après plusieurs semaines de grisaille, sur les ardoises
