Immense figure de la radicalité cinématographique, la réalisatrice belge Chantal Akerman a marqué au fer rouge nombre de cinéastes majeurs sans jamais conquérir le grand public. Son œuvre, l’une des plus innovantes du demi-siècle dernier, a été profondément influencée par sa propre mère, rescapée des camps de la mort. Le personnage central de sa vie.
Chantal Akerman faisait des films, beaucoup, et peu d’entrées la plupart du temps. Célébrée dans les universités les plus prestigieuses, les galeries huppées et par quelques réalisateurs majeurs de par le monde, la cinéaste belge rêvait parfois de succès public. On espère toujours ce qu’on n’a pas. « Le box-office, c’est important. Vous avez envie que les gens viennent voir votre film. C’est tout con. C’est de l’amour pour votre cinéma : ça fait plaisir. Ça donne de la confiance en soi. Vous ne savez pas ce que ça veut dire, le mot “entrée” ? C’est très, très fort », déclarait-elle aux Inrocks en avril 2004.