Raoul Hedebouw, fin connaisseur de l’histoire, s’est-il trompé d’époque ? Le porte-parole des communistes incarne le dernier parti national de Belgique et continue de défendre un modèle politique unitaire, alors que toutes les autres formations se sont depuis longtemps scindées, que les séparatistes flamands ont le vent dans le dos. Lui ne se dit pas dupe : si l’on divise, c’est pour mieux régner, et qui règne, sinon une élite mondialisée ? Fils de Flamands, enfant de Liège, le gouailleur en chef du PTB passe en revue l’histoire de la lutte des classes et loue le génie du néerlandais, cette langue qui claque.
C’est le phénomène électoral le plus surprenant de ces dix dernières années. Le plus anachronique aussi, peut-être. Dans la Belgique du XXIe siècle, ce qui était il y a peu un groupuscule marxiste-léniniste est devenu un acteur politique incontournable : douze députés à la Chambre, la première force d’opposition du côté francophone. Le parti présidé par Peter Mertens, un Anversois, n’a pas seulement réussi à faire oublier son sectarisme passé, il continue de fonctionner en faisant fi de l’évolution fédérale du pays. À rebours du discours de Bart De Wever sur les deux démocraties, le PTB conserve sa structure unitaire,