Au fil de la Vesdre, dans la vallée naufragée

N°17 / Automne 2021
Journaliste François Brabant
Photographe Karoly Effenberger
Photographe Sarah Lowie
Photographe Olivier Papegnies

Wilfried a pris son sac à dos et chaussé ses nouvelles bottines. Il fallait quitter le chemin et avancer dans la broussaille pour distinguer un filet d’eau. C’est là-bas, dans une lande marécageuse, que l’on devait déceler, deviner, l’origine du torrent le plus destructeur qu’ait connu la Belgique depuis son indépendance. L’itinéraire a débuté dans un repli des Hautes-Fagnes. Il s’est prolongé pendant cinq jours, en suivant toujours le cours de la Vesdre, jusqu’aux portes de Liège, où elle se jette dans l’Ourthe. Une itinérance pour raconter les destins qui flanchent, la bravoure et la solidarité des naufragés et de leurs voisins, le fracas des eaux, le péril des hommes et des animaux, la lâcheté des pilleurs, la peur de la nuit, le désarroi des pouvoirs publics, le sentiment d’abandon. Et la lutte de toute une vallée pour rester en vie.

Mardi 14 septembre, des Hautes-Fagnes à Eupen La question a diffusé en moi un frisson d’inquiétude, dont je n’ai rien laissé paraître. – Et si tu n’as pas de réseau ? La veille, j’avais installé sur mon téléphone l’application Komoot, référence des randonnées sportives. L’idéal, m’avait-on dit, pour repérer son chemin à travers les bois et les tourbières. Deux jours plus tôt, je m’étais rendu dans un magasin AS Adventure pour acheter des chaussures de marche et deux paires de chaussettes dernière génération. En me voyant farfouiller dans le présentoir où se juxtaposaient des cartes de randonnée, le vendeur s’était montré aimable :

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Wilfried N°17 - Dans la vallée submergée


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