Sa mère l’appelait déjà « Général ». Surnom prémonitoire… Désormais ministre de la Défense, la socialiste Ludivine Dedonder tente de dérider une institution qui n’avait jusque-là jamais vu que des hommes à sa tête. Traditions tenaces, mentalités parfois rétrogrades, militaires extrémistes, stripteaseuse en caserne, panique à Kaboul, inondations apocalyptiques : la ministre, qu’à Tournai on appelle « Lulu », a déjà survécu à tout ça sans menacer de perdre pied, car elle dit fonctionner « en machine ». Entretien sous les drapeaux, parmi l’azur des Nations unies, l’indigo de l’Otan, le cobalt de l’Union européenne et, bien sûr, le noir-jaune-rouge de la Belgique.
Les vantaux automatiques restent fermés. Au coup de sonnette, l’agent de sécurité arrive. Il ne cède le passage qu’après avoir reçu patte blanche. Un képi est posé sur le comptoir de l’accueil. « Le commandant Polis est arrivé ? » Détails du rendez-vous, nom, prénom. Coup de fil. On peut patienter. Dans le couloir, des uniformes kaki habillent des mannequins dans de grandes armoires vitrées. Dans la grande salle de réunion, un camaïeu de bleu se dresse fièrement sur le manteau de la cheminée devant le drapeau noir-jaune-rouge : l’azur des Nations unies, l’indigo de l’Otan, le cobalt de l’Union européenne. Aux