Elle se disait humaniste, pas féministe. Dans ses romans, la plupart des héros sont des hommes. Mais elle a vécu en femme affranchie des conventions. Elle a refusé les assignations de genre, sans jamais se laisser impressionner par les hommes de pouvoir et d’argent. Née à Bruxelles en 1903, Marguerite Yourcenar a-t-elle servi la cause des femmes ? Ou bien entravé un grand mouvement d’émancipation ? « Wilfried » est retourné sur les lieux marquants qui rattachent Yourcenar à la Belgique. Une excursion, en cinq étapes, pour relire sa vie et son œuvre au prisme des débats contemporains sur le genre et le sexe.
Elle est l’écrivaine préférée des hommes politiques belges. Aucun autre romancier né en Belgique, pas même le vorace Simenon, n’a autant qu’elle imprégné plusieurs générations de militants, bourgmestres, ministres et présidents de parti, par-delà les obédiences et les clivages. Cela n’en fait pas une compatriote pour autant. Marguerite Yourcenar a vu le jour avenue Louise, à Bruxelles, mais elle fut de nationalité française dans la première moitié de sa vie, citoyenne des États-Unis ensuite, tout en buvant aux sources d’Italie, de Grèce, de Suisse, de Russie, d’Inde, du Japon et d’ailleurs. « J’ai plusieurs cultures, comme j’ai plusieurs pays. J’appartiens