Au cœur de Liège, à cinq minutes du carré, on a rendez-vous avec le Seigneur. Une enclave intemporelle, routinière où s’affairent vingt moniales bénédictines, liées à Dieu et à la communauté, à la vie à la mort. Une vie entière sur deux hectares. Alors qu’au-dehors la vie bat son plein, que les possibilités semblent infinies, derrière les murs, les sœurs vivent à leur manière la liberté.
Vingt heures moins dix. Le timbre des cloches gagne l’ensemble de l’abbaye de la Paix Notre-Dame de Liège, entre le parc d’Avroy et le carré. Au rez-de-chaussée, par un astucieux système de cordes traversant la voûte du cloître, une sœur lance l’appel à la force de ses bras. Ce sont les vigiles, le cinquième et dernier office de la journée. Du fond du couloir remonte le froissement d’étoffes, les coules noires, vêtement de prière, sont enfilées par-dessus les toges grises. Les vingt bénédictines de Liège entrent dans le chœur. La scène se reproduit cinq fois par jour, en débutant par