Dans la vie, Christiane Vienne a rencontré le poids de l’Église mormone, la sensation d’étouffer au sein d’un couple, la philosophie, le bonheur d’être mère (neuf fois !), la discrimination positive, la pression qui pèse sur les femmes, des obstacles, de la culpabilité, des Frères et Sœurs en maçonnerie, la vie ouvrière, la vie salariée et la vie politique, des femmes qui reproduisent les stéréotypes et des hommes féministes. L’ancienne ministre socialiste vit aujourd’hui sans regrets.
« Milaaaa ! » Christiane Vienne ouvre la porte en chantant. La vieille chienne, cocker ventripotent aux poils dorés, aboie sur l’hôte que sa maîtresse rassure dans un rire : « Elle n’est pas méchante. » Encastrée au milieu de la rue, près de la gare de Mouscron, la maison, mitoyenne et longue, est pimpante — des vitraux bigarrés, un mur bleu paon, des fauteuils chics. Comme sa propriétaire — brushing impeccable, rouge à lèvres vif, boucles d’oreille dorées, tailleur-jupe net et élégant. À bientôt 70 ans, Christiane Vienne semble avoir eu plusieurs vies, elle qui a dit un jour que la vie était longue et que