Scénarios catastrophes, cauchemars, anticipation, notre cerveau nous prépare au pire. Face à ses visions apocalyptiques, l’écrivaine flamande Anne Provoost tisse des trames nécessaires à sa survie, entre psychologie des mouches, géométrie des plantes et cuillerées de riz au désinfectant. Une imagination qu’elle met au service de tous et toutes. Car, pour cette Anversoise « bien née » dans une famille éparpillée des deux côtés de la frontière linguistique et où tout était possible, un tel privilège la rend redevable envers la société.
De la façade, tombe des lianes brunes et sèches, ruines d’un lierre qui est entré dans l’hiver. À quelques pas du zoo d’Anvers, après avoir croisé des girafes de bronze, on entre derrière d’épais rideaux de velours, dignes d’un théâtre de marionnettes, dans la jungle d’Anne Provoost. Maison aux allures de cabinet de curiosités. Peintures anciennes, armée de Jésus de porcelaine trônant bras ouverts sur le manteau de la cheminée du salon, figuiers, bananiers, cactus s’étirant vers la verrière qui perce le plafond de la cuisine, boîte de biscuits en métal, portrait de chat tracé au crayon, photos de famille,