Avant de crier « Je l’ai dit bordel » en plein direct télé, Philippe Albert était ouvrier-manutentionnaire dans les fruits et légumes. Avant d’être ouvrier-manutentionnaire, il jouait au plus haut niveau en équipe nationale, à Newcastle, Malines, Anderlecht et Charleroi. Et avant de jouer au plus haut niveau, il vivait à Bouillon. Ce qui, pour « Razou », signifie beaucoup. Les grosses cuites à la buvette, le père qui l’élevait à la dure, la piaule au Mambourg, les années Boskamp, les frasques de Faustino Asprilla, les parties de belote au café, le rasage de la moustache : quitte à s’asseoir avec une bière en compagnie de l’un des observateurs les plus avisés du football belge, autant parler de tout. En ce compris d’amour.
Au bout d’une voie hennuyère sans issue, tout un monde se dévoile. Le jardin d’un côté, l’espace équestre de l’autre, fief d’un cheval dont la crinière noire scintille aux premiers rayons du printemps. Assis à la table de la terrasse, un Philippe Albert confidentiel, du genre qu’on ne voit ni à la télé ni dans les magazines – il a fallu faire sauter quelques capsules et les verrous propres à la pudeur des premiers instants pour en faire la connaissance – raconte longuement son enfance dans la vallée de la Semois, ses trois frères qui taquinaient le cuir au pied