S’il n’est pas un dictateur, il est pour certains un despote éclairé, pour d’autres le tortionnaire en chef des automobilistes, pour d’autres encore un homme politique comme Bruxelles en compte trop peu, visionnaire et obstiné. Comment Pascal Smet, fils d’un ouvrier et d’une femme de ménage du pays de Waes, trois fois ministre de la Mobilité et aujourd’hui secrétaire d’État à l’Urbanisme, a-t-il fait pour peu à peu remodeler le visage de la capitale belge selon ses vœux ? La réponse ne tient pas en une phrase, raison pour laquelle cet entretien fait dix pages.
Ceux qui ne croient guère dans la théorie du déterminisme social seront heureux d’écouter l’histoire de Pascal Smet. Déscolarisé à l’âge de 14 ans, son père officia comme peintre en bâtiment, sa mère comme femme de ménage. Vernir et récurer les maisons des autres pour se payer la sienne, tel était le contenu d’une vie. Chez les Smet, on connaissait par cœur toutes les marques de déboucheurs et d’enduits acryliques, d’aspirateurs et de rouleaux à maroufler, mais la liste des ministres du gouvernement sonnait parfaitement chinois à leurs oreilles. Lorsqu’on sortait, c’était pour fêter carnaval dans les rues du village,