À 81 ans, Louis Tobback est assez vieux pour avoir vu à quelles souffrances pouvait mener l’engrenage du nationalisme. Il en a gardé la plus vive appréhension à l’égard de ces situations où la colère des laissés-pour-compte se mêle aux frustrations de la petite bourgeoisie. C’est cette dernière, dangereuse car « capable de tout », dit-il, qui alimente aujourd’hui le succès de la N-VA. L’ancien leader des socialistes flamands reste quant à lui hermétique aux discours identitaires. À ses yeux, c’est bien simple : la Flandre n’existe pas, la Wallonie non plus. Mais il voit avec inquiétude les dangers s’amonceler au-dessus du pays.
A le voir attablé en terrasse, le journal déplié devant lui, on le prendrait pour un retraité ordinaire. Qui dirait que ce petit homme de 81 ans était, au début des années 1990, la personnalité politique la plus populaire de Flandre ? Auprès des électeurs francophones, il se débrouillait bien aussi, notez. « En Wallonie, j’aurais pu faire des ravages, beaucoup plus qu’en Flandre, s’est-il épanché il y a peu dans l’hebdomadaire Humo. Je convaincs les Wallons beaucoup plus facilement que les Flamands — c’est un peuple beaucoup plus jovial, ils sont plus réceptifs à mon style. » Flamand, mais