En moins de deux générations, une poignée de familles d’anciens patatiers flamands ont transformé la Wallonie picarde en nouvel eldorado de la frite. Une expansion ternie par les abus : avant d’envoyer leurs tonnes de croquettes jusqu’en Arabie saoudite, les industriels du secteur épuisent les sols, polluent les rivières et poussent à ce point la cadence de travail que les accidents se multiplient, souvent graves, parfois mortels. La ruée vers l’or jaune, un étrange western 100 % belge.
Il y a le bruit et l’odeur. Le vacarme infernal et les relents de graisse brûlante. Ces immenses machines qui forment de longs couloirs et serpentent partout. Un labyrinthe de métal hurlant, visqueux et chaud, qui dégueule des dizaines de milliers de pommes de terre, de tous les côtés. Des tunnels, des tapis roulants, et encore des tunnels, pour laver, éplucher, trier, découper la matière première, cuire et congeler les produits finis. Un ballet incessant, de jour comme de nuit. Sur son site de Mouscron, Mydibel traite au quotidien 2 400 tonnes de patates, les emballe en frites en une