Hassan Jarfi et Gino Russo, deux pères au combat

N°11 / Printemps 2020
Journaliste Julie Luong
Illustratrice Célia Callois

Ils ont Liège en commun et le bassin méditerranéen. Gino Russo et Hassan Jarfi ont aussi la même douleur vissée à l’âme : la perte d’un enfant dans des conditions d’une extrême violence. Melissa, 8 ans, fut en 1996 une des victimes de Marc Dutroux. Ihsane, 32 ans, fut sauvagement assassiné en 2012 parce qu’il était homosexuel. Inconsolables et solaires, ces deux pères ont fait émerger de leur souffrance une parole tranchante, politique. Cherchant à l’aveugle les origines du mal, comme ce virus qui continue de tuer. Au combat, même si c’est perdu d’avance. À tout jamais réveillés.

On avait imaginé une rencontre entre Liégeois au siège de l’association Julie & Melissa, à Jemeppe-sur-Meuse, à l’ombre des vestiges sidérurgiques. Hassan a étudié à deux pas, Gino a travaillé son comptant de trois-huit à Cockerill-Sambre. On aurait été ici chez nous, entre la rouille et le gris, mais aujourd’hui, c’est chacun chez soi. Confinés, les traits tirés, ce sera par écrans interposés. Une heure plus tôt, Gino Russo relativisait sur son compte Facebook. « Aujourd’hui nous sommes le 20 mars, c’est le printemps, alors je pense à Melissa. Le 20 mars c’est la date de la fin du confinement

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