« Eddy » s’est lancé un défi irrationnel : courir avec Karel Sabbe, nouveau monstre de l’ultra-trail, et tenir le plus longtemps possible. Le dentiste gantois, détenteur du record de rapidité sur le Pacific Crest Trail et l’Appalachian Trail, dernier homme debout lors des abominables marathons de Barkley 2019, a donné rendez-vous au pied des dunes de Knokke-le-Zoute. On a slalomé entre les galeries d’art et les voiturettes de golf. On a parlé de la beauté de la nature, de la reconnexion avec notre instinct primaire, des hallucinations en course, de la résistance à la douleur et au « mur ». Et on a tenté de suivre le tempo imprimé par l’homme le plus endurant du monde.
La voiturette de golf file silencieusement sur l’asphalte lisse de la Zwinlaan. Décélération, manœuvre giratoire, engin parqué. Un quinqua saute du véhicule, prend la direction d’une des nombreuses villas quatre façades qui se prélassent, en seconde ligne, à l’ombre des buildings à appartements bordant le littoral. Le col de polo relevé semble toujours de vigueur, dans les beaux quartiers du Zoute. « Je suppose que ce n’est pas lui », se poile Tim. Je confirme l’intuition du photographe : cet individu n’est pas Karel Sabbe. On imagine mal le coureur le plus endurant du monde alourdi d’une telle bedaine. Je lui explique avoir