Histoire d’une cover : Belgique année zéro, Wilfried #13

Couvertures

Directeur artistique de « Wilfried » depuis mai 2020, Pieter Willems raconte comment la Une de notre numéro 13 a vu le jour.


Graphiste pour Wilfried depuis le numé­ro 12, Pieter Willems est l’homme qui par­vient à mettre en image, et avec style, les idées débor­dantes des deux jour­na­listes sala­riés de la socié­té, François Brabant et Quentin Jardon. Après des études de gra­phisme dans une école artis­tique de Gand, Saint-Luc, Pieter Willems a créé son propre bureau de gra­phisme, Pjotr, spé­cia­li­sé dans la créa­tion de maga­zines. Accompagné par deux autres gra­phistes sala­riés, Erin et Brecht, Pieter réa­lise les Unes de Wilfried et d’Eddy sou­vent dans un temps (très) limité.

Le plus dur, lors de la réa­li­sa­tion d’une cover ? « Trouver le concept, l’idée sur laquelle se baser pour com­men­cer le tra­vail », explique le patron du desi­gn, Pieter Willems. Et cela prend plus ou moins de temps. « Il arrive même par­fois que je ne par­vienne jamais à trou­ver l’idée qui cor­res­pond à 100% au thème et à ce que je sou­hai­te­rais faire. »

Quel que soit son ins­pi­ra­tion du jour, il se doit de réa­li­ser une pre­mière pro­po­si­tion, « même si l’idée n’est pas géniale du pre­mier coup », qui ser­vi­ra de base pour le reste du tra­vail. L’exemple de la cou­ver­ture du numé­ro 13 est alors inté­res­sant, car cette der­nière a fait l’objet de mul­tiples dis­cus­sions et modifications.

Ceci était la pre­mière pro­po­si­tion de Pieter Willems pour ce numé­ro por­tant notam­ment sur les nou­veaux visages de la poli­tique belge. Si les deux rédac­teurs, François et Quentin, sou­hai­taient faire appa­raitre cer­tains de ces visages sur la cover, le gra­phiste n’était pas du même avis. « Je n’étais pas convain­cu par la néces­si­té d’avoir des visages sur la cou­ver­ture de ce numé­ro. Certes, une cover doit atti­rer l’attention, c’est pour­quoi des visages, notam­ment par la pré­sence des yeux, marchent très bien. Mais per­son­nel­le­ment, il n’y a pas que cela qui m’attire : dans les librai­ries, les cou­ver­tures des maga­zines sont sou­vent en par­tie cachées par d’autres. Il me semble donc impor­tant, pour atti­rer le regard du client, que la cover fonc­tionne sur les écrans, c’est-à-dire com­prenne une par­tie gra­phique sym­pa. Mais cela demande du temps. »

Après huit pro­po­si­tions dif­fé­rentes mélan­geant les visages de trois per­son­na­li­tés, Bart De Wever, Zakia Khattabi et Raoul Hedebouw, le gra­phiste s’est ren­du compte que « les fran­ken­steins com­po­sés de dif­fé­rentes pho­tos ne mar­chaient pas en desi­gn ». Il a donc cher­ché une nou­velle approche. « J’ai sup­pri­mé les visages, pour les rem­pla­cer par des dra­peaux. »

« Cette cover est ma favo­rite, encore plus que la cover finale », confie le gra­phiste. Si cette trei­zième ver­sion cor­res­pond aux goûts de Pieter Willems, elle n’était pas tout à fait satis­fai­sante pour François Brabant et Quentin Jardon, pour qui ils man­quaient la com­po­sante humaine. D’où l’idée de mélan­ger le dra­peau belge avec les visages.

Cette 17ème ver­sion com­mence à se rap­pro­cher du résul­tat final. S’ensuivent encore six autres pro­po­si­tions qui, selon les mots de l’artiste, « sont plu­tôt des cro­quis, qui m’ont per­mis de trou­ver la bonne palette de cou­leurs, de peau­fi­ner quelques détails… » Et qui lui ont sur­tout per­mis de trou­ver un concept inté­res­sant, rete­nu pour la cou­ver­ture finale. « J’ai déchi­ré à la main une carte de la Belgique en papier. Ces 3 pièces, une fois numé­ri­sées, donne un ren­du dif­fé­rent à la cover, plus éla­bo­ré. Je les ai alors réuti­li­sés en fili­grane à plu­sieurs endroits du maga­zine, en les agen­çant dif­fé­rem­ment. »

La 23ème pro­po­si­tion était fina­le­ment la bonne. Un tra­vail de longue haleine, sur seule­ment quelques jours. Mais une nou­velle fois, le gra­phiste « a rem­por­té son chal­lenge ». Il ne s’attribue cepen­dant pas tout le mérite. « C’est vrai­ment un plus d’avoir toute une équipe (François et Quentin, mais aus­si Marie d’Otreppe, coor­di­na­trice géné­rale de Wilfried SC, et Alexis Maroy, secré­taire de rédac­tion, ndlr) pour pen­ser et pro­fi­ter d’une bonne ému­la­tion. »