Un méchant virus l’a sorti de sa réserve académique : le Frank-tireur au frank-parler est de retour. Et il y a plus étonnant encore que son come-back comme ministre de la Santé dans le gouvernement De Croo : c’est retrouver Vandenbroucke si vite, et tellement pareil à lui-même après dix ans d’éclipse. Non sans premiers accrochages…
Froid à pierre fendre, Frank Vandenbroucke ? Alors, vous ne l’avez pas vu le 28 octobre dernier devant la presse, après une visite des soins intensifs au CHC MontLégia. On comprend ça : le coronavirus et les médias, faut pas abuser ! Situons : nous sommes au flux fort de la deuxième vague, à Liège, la région d’Europe à l’hospitalisation la plus saturée. C’est soudain voix tremblante et yeux embués que le nouveau ministre fédéral de la Santé expose : « Ce que j’ai vécu ici, c’est très douloureux. Je trouve ça très choquant… » Larmes de crocodile ? Évidemment non ! Vraie émotion ? Mais oui bien sûr, vraie et saine aussi ! Les bêtes politiques sont des êtres humains, sans blague. Enfin, la plupart, souvent.
Toujours brillant, Frank Vandenbroucke ? Alors, vous avez oublié un épisode de la crise de 2009 – 2011 d’avant le gouvernement Di Rupo. On comprend ça : il y en eut tellement, tout au long de ce psychodrame ! Situons : nous sommes fin 2010 et le socialiste flamand Johan Vande Lanotte, « conciliateur » royal, tente d’accorder sept partis, PS et N‑VA en tête. Négociateur SP.A, celui qu’on a pris l’habitude d’abréger en VDB enfile deux bourdes. D’abord surpris par le porte-parole de la N‑VA, assis dans le même compartiment de train que lui, qui ne perd rien de ses commentaires acidulés confiés par téléphone à un journaliste. Ensuite en se fourvoyant dans les destinataires d’un mail où il analyse, très piquant, une proposition encore confidentielle de révision de la loi de financement des entités fédérées… De quoi encolérer Vande Lanotte, enflammer les nationalistes flamands et rabaisser Vandenbroucke au rang modeste d’un gaffeur à la Leterme. Sanction immédiate : il quitte les négociations. Et bientôt la scène politique. Pour toujours, personne n’en doute. Sauf lui. Peut-être.
Donneur de leçons intraitable, inflexible, invétéré, Frank Vandenbroucke ? Alors, vous n’avez pas connu l’affaire Agusta-Dassault. On comprend ça : c’était, ô combien, un autre millénaire ! Situons : nous sommes au plus tapageur des suites de l’assassinat d’André Cools, le parrain du PS liégeois abattu le 18 juillet 1991. Parmi les explications possibles, ces soupçons de corruption de l’avionneur italien pour le marché d’hélicoptères de combat en 1988 et de l’avionneur français pour le marché de systèmes de protection électronique des F‑16 en 1989. Début 1994, les pales d’Agusta ont balayé les trois Guy ministériels du PS : Coëme, Mathot, Spitaels. En 1995, la houle gagne le SP, initiales d’alors des socialistes flamands. C’est un VDB raplapla, traits tirés, mâchoires serrées, que les journalistes découvrent le 22 mars, cinq mois après qu’il a remplacé Willy Claes aux Affaires étrangères du gouvernement Dehaene I. Aussi désillusionné que candide, le nouveau ministre ânonne que, lorsqu’il était président du SP, courant 1991, il avait constaté que de l’argent non identifié se trouvait dans le coffre-fort du parti. « J’ai ordonné plus tard de le brûler. » N’y avait-il pas mieux à faire ? « Ce n’est pas très joli mais c’est assez cohérent. » (Retenons : cohérent.) Combien y avait-il ? « Je ne l’ai pas demandé » (sic). En fait, six millions de francs belges, dans les 150 000 euros, reliquat de sommes bien plus importantes. D’où venait l’argent ? « Je ne m’en suis pas inquiété. » N’avez-vous pas fait le rapprochement avec l’affaire Agusta quand elle a éclaté ? « Non. Et je n’avais pas envie d’enquêter sur le passé du SP. » Avez-vous vérifié que l’argent avait été brûlé ? « Non. » (Il ne le serait pas.) Saviez-vous que détruire un billet de banque est punissable ? « Non. » Comptez-vous démissionner ? « Non, tant qu’il n’y a pas suspicion judiciaire. » Ne trouvez-vous pas que c’est déjà le cas ? « Non. Bon, c’est l’heure, c’est terminé… » Frank Vandenbroucke devra pourtant démissionner le soir-même. Son prédécesseur Willy Claes, lui, comptera, contrairement à Vandenbroucke, parmi les douze apôtres prévenus et condamnés au mégaprocès clôturé fin 1998.
Pédagogue exemplaire, Frank Vandenbroucke ? Vous savez que non, pas forcément. On comprend ça : l’incident du choc psychologique frémit encore dans les mémoires. Situons : nous sommes le 27 novembre 2020, au soir d’un comité de concertation dont les citoyens s’apprêtent à mal digérer la dominante intransigeante. D’accord, on rouvre une partie des services et commerces dits non essentiels, mais les fêtes seront privées de fête et les mutismes restent multiples — du cultuel au culturel. À la VRT, on demande au ministre de la Santé pourquoi l’on peut rouvrir aujourd’hui ce que l’on avait fermé hier. Lui pourrait rappeler le large consensus en ce sens des experts à un moment, fin octobre, où la Belgique alignait les pires chiffres européens de la pandémie. Mais non, affichant jusqu’à la caricature de lui-même, lorsque rigueur et rigorisme se confondent, il nous sort qu’il fut nécessaire d’assener un « effet choc » à la population, qu’importe le bénéfice sanitaire direct des fermetures… Oh, il ne sera pas sans arguments, ni sans appuis, ni sans riposte. N’empêche, plus qu’un ministre qui polarise et divise, c’est une majorité gouvernementale qui trébuche ; c’est une ligne qui s’effiloche ; c’est une adhésion populaire pourtant cruciale que risque d’affaiblir, au choix, un malentendu monté en épingle, un couac de communication ou un raccourci malvenu.
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Reprenons, successivement : l’actuel vice-Premier ministre Voortuit (ex-SP.A), ministre des Affaires sociales et de la Santé, peut donc faire montre : 1° d’humanité, 2° de normalité, 3° d’humilité et 4° de maladresse. Avant de passer aux évidences, autant démarrer sur des nuances, voire des défaillances, qui nous le rendent plus abordable, plus ordinaire.
Les évidences ? Ressassées à son come-back dans le gouvernement De Croo, dont le casting est plus décoiffant que le programme, et aussitôt éprouvées à ses premières foulées dans le marathon sanitaire, ce sont d’abord celles du dévoreur de dossiers passionné, du bûcheur accaparé opiniâtrement par lui-même. Évidences aussi, de ses capacités : sérieux et talentueux, imaginatif et visionnaire, c’est de longue date l’un des plus sûrs connaisseurs de nos systèmes sociaux. Évidences, encore, de son individualisme empesé de raideurs. Car la médaille a ses revers : coléreux à ses heures, le prof supérieur agace, le monsieur-je-sais-tout irrite. Un dossier mémorable du Vif sur « les emmerdeurs professionnels en politique », en février 2006, ne manqua pas de l’épingler à son palmarès, dans la catégorie « poils à gratter » !
« Il m’est apparu trop théorique et peut-être pas suffisamment souple », en dira plus gentiment Philippe Busquin, un temps son homologue président du PS. Lequel, il est vrai, semble par comparaison affectif et indécis. VDB se défend pourtant d’être dogmatique : « Je suis pragmatique, mais j’essaie d’être cohérent. » Ah ! cette cohérence que revoilà…
Tout le destinait à une carrière académique. Pas question pourtant d’en faire un intellectuel égaré en politique. Disons qu’il fait partie de la classe, trop peu fréquentée, des politiques cérébraux et conceptuels.
Avec ça, d’une sobriété, d’une austérité, qui en font un camarade inhabituel sinon coincé. « C’est un moine », tranche l’ancien leader médical Jacques de Toeuf, qui fut l’un de ses bretteurs les plus réguliers. « Je suis peut-être un peu ascétique. Pour moi, les bonheurs simples restent très importants », convenait l’intéressé, le 8 novembre sur RTL.
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Tout le destinait à une carrière académique. Pas question pourtant d’en faire un intellectuel égaré en politique. Disons qu’il fait partie de la classe, trop peu fréquentée, des politiques cérébraux et conceptuels. Car l’homme a ses engagements résolus et des convictions trempées, le seraient-elles à sa sauce.
Il naît voilà soixante-cinq automnes à Louvain. En ce Brabant flamand dont il ne délogera jamais. Dans une famille catho et bourgeoise dont il sera attentif à s’émanciper, dès son collège qui le renvoie pour indiscipline à plusieurs reprises. Étudiant frondeur aux cheveux longs, il fréquente la Ligue révolutionnaire des travailleurs, une organisation trotskyste fondée dans l’ébullition post-68. Économiste diplômé de la KUL, où son père est professeur réputé en médecine, il y est un temps chargé de recherche, passe au Bureau du Plan, prolonge à Cambridge. C’est Karel Van Miert, premier président du SP depuis la scission socialiste de 1978, qui lui met le pied à l’étrier politique. Versant expertise : Vandenbroucke rejoint en 1982 le Sevi, centre d’études du parti. Le bientôt VDB y incarne à fond cette nouvelle gauche flamande forcée de se redéfinir depuis sa rupture avec le « grand frère » francophone, autrement plus remuante et radicale que le PS dans ses ouvertures aux chrétiens, aux pacifistes, au tiers-monde, à l’écologie. Député dès 1985, il est poussé quatre ans plus tard à la présidence du SP par un Van Miert partant à la Commission européenne.
On comprend mal sa trajectoire si on ne suit pas en regard celle de Guy Verhofstadt. Car Vandenbroucke ne serait sans doute pas devenu président du SP en 1989, à 33 ans, si Verhofstadt n’avait pas pris la présidence du PVV (futur VLD) en 1982, à 29 ans. L’ancien trotskyste est certes aux antipodes doctrinaux de l’encore assumé « Baby Thatcher ». Mais les profils sont si proches : ex-rebelles, jeunes, doués, modernes, idéalistes, et s’acharnant à fixer leur parti respectif à la deuxième place derrière l’inaccessible CVP (pas encore réduit au CD&V).
À la présidence du SP, un Vandenbroucke que l’on peut accuser d’autoritarisme manque curieusement… d’autorité (en passant : le recul permettra un jour, peut-être, de dresser un parallèle piquant avec l’actuelle présidence de Paul Magnette au PS). On le dit, aussi, piètre négociateur. Forcément : il n’aime pas la contradiction. La situation s’envenime en 1993 lorsque VDB sollicite la reconduction de son mandat. Pour la troisième fois, il est seul en lice quoique fort contesté. Un proche de Willy Claes (un certain Ernest Bujok) se plaint ainsi au Soir : « Frank Vandenbroucke ne dirige que ses propres idées ». Le 17 avril, VDB ne rallie que 67 % des congressistes. Tiens, c’est quasiment par le même score (68,5 %) que Verhofstadt sera prolongé, en juin 1993, président d’un parti qu’il vient de renommer VLD. Mais lui, au suffrage universel des membres et en clôture d’un duel épique avec Herman De Croo — l’heureux père d’un ado prénommé Alexander.
Vandenbroucke sort du guêpier SP en endossant, dix-huit mois plus tard, les Affaires étrangères du gouvernement de Jean-Luc Dehaene. Bref intermède, on l’a vu, puisque l’épisode Agusta l’en déloge dès mars 1995. La législature s’achève en mai. Les élections font place, rapidement, à Dehaene II. Un VDB toujours plus blême annonce au congrès de participation de son parti qu’il n’est pas candidat ministre. On comprendra plus tard qu’il vient d’être prévenu d’une demande de levée de son immunité parlementaire.
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L’instruction judiciaire aura beau se terminer sans mal pour lui, le souvenir d’Agusta va durablement le tarauder. La politique l’ayant brûlé comme ces maudits billets, il la quitte pour le meilleur dérivatif : un retour aux études. Précisément à Oxford, le temps de rédiger une thèse de doctorat sur le thème « Justice sociale et éthique individuelle dans une société ouverte : égalité, responsabilité, incitants ». Soit les canons de ce qui va s’appeler l’État social actif, censé succéder à un État-providence présumé à bout de souffle : la participation sociale est à la fois un droit à l’épanouissement et un devoir dont il faut s’acquitter. On parlera aussi de « troisième voie », incarnée par les Blair, Schröder, Clinton, qui revient à convertir le paradigme socialiste à un certain libéralisme de gauche.
Il ne doute pas de la primauté de la conception flamande de l’État, où notamment tout l’emploi serait défédéralisé. Et puis, connaît-on un autre socialiste flamand qui ait si peu d’affinités avec le PS ?
À son retour d’outre-Manche, c’est reblindé, tête rechargée, que VDB s’impose dans l’arc-en-ciel bleu-rouge-vert Verhofstadt de 1999 – 2003. Le docteur est nommé aux Affaires sociales et aux Pensions. Il va teinter celles-ci des concepts en vogue, avec la complicité du Premier ministre. Car cet État dit actif quoique social est assez ambigu pour que chacun y trouve son compte : le socialiste sur la dimension émancipatrice de la responsabilité collective, le libéral sur la dimension autonome de la responsabilité individuelle… VDB additionne les réformes, multiplie les tours de vis. De nombreux acteurs de la santé le prennent en grippe ; tel patron médical (Marc Moens) dénonce jusqu’à son « intellect perfide ». La gauche traditionnelle n’est guère en reste : les Mutualités socialistes et le PS en ont marre. Aussi, le président des socialistes flamands, Steve Stevaert, tranche. Lorsque se constitue la coalition bleu-rouge de Verhofstadt II, en 2003, Vandenbroucke garde les Pensions et décroche l’Emploi, mais perd les Affaires sociales. Pour VDB, c’est une gifle, voire une déchirure s’agissant de la Santé dont il a fait une affaire personnelle (ses père, mère, quatre frères et sœurs ont été ou sont médecins). À l’Emploi, l’accompagnement (?) des chômeurs ou la concrétisation des titres-services (au prix d’une bagarre homérique sur leur champ d’application avec la camarade Onkelinx), c’est lui. Aux Pensions, il prévient : si l’on ne suit pas ses vues dans les neuf mois, il ira voir ailleurs.
C’est tout vu : VDB quitte le gouvernement Verhofstadt II peu après les élections régionales de 2004. Cinq ans durant, il sera vice-président boulimique du gouvernement flamand, en charge de l’Enseignement, de l’Emploi et de la Formation. De là, il s’en prend régulièrement aux francophones. Parce que la fonction fait l’homme ? Pas seulement. Quoi, VDB serait un « communautaire » ? Oh, pas au sens linguistique traditionnel. Mais cet excellent bilingue est bien en phase avec l’évolution du registre belgo-belge, qui alimente désormais ses contentieux aux différences de contenu et de réalités des politiques publiques. Il ne doute pas de la primauté de la conception flamande de l’État, où notamment tout l’emploi serait défédéralisé. Et puis, connaît-on un autre socialiste flamand qui ait si peu d’affinités avec le PS ?
Reste que le ministre flamand à nouveau exaspère, jusqu’aux siens. Trop perso, décidément. En 2009, sa présidente Caroline Gennez n’en veut plus comme ministre. Du coup, aux législatives de 2010, VDB se repointe au fédéral, élu au Sénat grâce à l’un des dix meilleurs scores belges (177 000 voix). Il négocie même pour le SP.A. Mais on l’a dit, des gaffes le mènent au crash. Rester simple sénateur, vous n’y pensez pas. C’en est assez. Le « prof » le devient vraiment, à Louvain, Anvers, Amsterdam. On n’en entendra plus parler que comme pointilleux expert des pensions. Quand il est encore question de Frank Vandenbroucke dans les médias, on se réfère plutôt à son parfait homonyme, feu l’enfant terrible du cyclisme belge.
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Cette vie politique ni évidente, ni linéaire, n’était pourtant pas finie. C’est à la suggestion de sa mère, professeure de gérontologie à la VUB, que Conner Rousseau, le nouveau président du SP.A, a téléphoné à Vandenbroucke pour l’inviter à rejoindre, à son poste le plus en vue, un gouvernement peuplé de jeunes et de néophytes. « Ce serait un rêve… », a d’abord réagi notre homme, qui pourrait être le père de pas mal de ses collègues de la Vivaldi, voire le grand-père du président Rousseau.
Retrouvé par certains, découvert par la plupart, le longiligne VDB n’a guère changé, hormis un chef coupé toujours plus à ras. Il a gardé ce sourire contenu, un regard faussement rêveur, le port élégant, les propos didactiques lentement scandés, ces larges mains à la gestuelle calme mais impérieuse. Surtout, il s’impose si vite, dispos et déterminé ! C’est bien le n°2 d’Alexander De Croo, sinon l’inverse en toute complicité objective quand il s’agit de ce fichu virus. Et de quoi d’autre s’agirait-il aujourd’hui ? « Nous avons enfin dans ce pays un ministre de la Santé », s’est lâché Bertrand Henne dans ses « coulisses du pouvoir » (RTBF, Matin Première, le 7 octobre), au lendemain de ce premier comité de concertation après lequel Frank Vandenbroucke nous débita sa règle de quatre sur le ton patient mais cassant des maîtres d’école de jadis.
Déjà a‑t-on retrouvé une autorité. Déjà glose-t-on sur la réaffirmation du politique. Faut dire, VDB occupe une case laissée vide par sa prédécesseure Maggie De Block, à propos de laquelle le microbiologiste Emmanuel André, en commission spéciale de la Chambre, a fixé pour l’histoire : « La crise n’était pas son truc. »
Déjà aussi comprend-on mieux les motivations de son retour, en somme moins étonnant que — bien sûr — cohérent. Plan de carrière ? Il a passé l’âge. Marre de l’univ ? Sûrement pas. Goût réveillé pour le pouvoir ? Pas vraiment. Appel à l’aide flatteur ? C’est humain. Une revanche sur les mauvais coups du passé ? Sans doute. Mais il y a bien plus : l’opportunité unique d’affronter une crise qui l’est tout autant, dans son registre de prédilection. C’est là davantage qu’une reprise de responsabilité : la tenue d’un rôle messianique.
Encore lui faudra-t-il cette fois accomplir sa mission, serait-ce jusqu’à l’impopularité, sans aigreur pour lui ni dégâts autour de lui. Or, c’est mal parti. Car si on l’a revu et reconnu d’emblée clair, affûté et percutant, un premier caucus ministériel a suffi à ranimer son surnom de « prof » ; son profil flamand a déjà suscité des suspicions francophones ; sa propension à imposer mordicus ses idées lui a valu aussitôt des plaintes remontées chez De Croo. Après quoi son « effet choc » du 27 novembre a évidemment relevé le niveau de l’acrimonie. L’emballement politico-médiatique aura surtout gagné le MR, y trouvant à nourrir sa posture en rodage de « participopposition » à la coalition Vivaldi : le socialiste y est dès lors taxé de « totalitarisme » et qualifié de « taliban » (injure jusque-là réservée par les bleus francophones à certains écologistes)… Bref, si l’on osait, on soufflerait à VDB cette maxime de La Rochefoucauld, fût-il un aristocrate d’Ancien Régime : « C’est une grande folie de vouloir être sage tout seul. »