Nom de code : Forza Flandria. Mais qu’importe le flacon, pourvu qu’on ait l’ivresse, celle que procure le combat inlassable pour l’autonomie de la Flandre. Depuis un siècle, les manœuvres se succèdent, parfois au grand jour, souvent secrètes. Avec le même objectif : constituer un large regroupement politique en vue d’accélérer la marche de la Flandre vers son destin. Des tentatives aux résultats mitigés. Mais certains y songent de nouveau, alors que l’hypothèse d’une alliance entre N-VA et Vlaams Belang est discutée pour 2024. En vue : le dernier épisode d’un chassé-croisé vertigineux dont le point de départ et d’aboutissement est presque toujours Anvers.
C’est un spectre qui revient sans cesse hanter. Un siècle que cela dure. Beaucoup l’attendent, autant le craignent. D’autres s’en moquent. L’a‑t-on déjà vu ? Oui, de ci de là, sous des formes évasives, fluctuantes. Toujours insaisissables. Dix fois au moins, ses sectateurs ont cru en déceler la forme aboutie, concrète, apte à modifier à jamais le panorama des forces et des idées en Flandre. Impressions à chaque fois trompeuses. Mais alors que se profile le grand combat de 2024, avec des factions nationalistes postées sur deux rives, séparées seulement par un cordon, l’idée s’invite de nouveau dans les esprits.
Ses sonorités sont un leurre. Forza Flandria : on dirait le sud. Pourquoi pas un stade napolitain aux fumigènes écarlates ? Ou quelque palais florentin ? Erreur. Ses origines sont à chercher entre l’Yser et l’Escaut. Italien de cuisine, auront d’ailleurs remarqué les philologues : la traduction correcte serait Fiandre. Flandria ressortirait plutôt du latin tardif.
Première occurrence de l’expression ? Avril 1994, dans la confidentielle revue Nucleus. L’éditorialiste Paul Belien commente la victoire électorale, en Italie, du businessman Silvio Berlusconi et de son parti Forza Italia. Il remarque que si Berlusconi est en mesure de prendre le pouvoir, c’est du fait de son alliance avec Umberto Bossi et Gianfranco Fini. Le premier dirige les indépendantistes lombards et vénitiens coalisés au sein de la Lega Nord, le second est à la tête des ex-fascistes repeints en néolibéraux d’Alleanza nazionale. « Le ticket gagnant des élections italiennes s’appelle Berlusconi, Fini et Bossi. Conservateur, libéral et nationaliste », synthétise Paul Belien. Hélas, regrette-t-il, pareil ticket n’existe pas en Flandre. « L’exemple de Berlusconi prouve que seule une large coalition conservatrice-libérale peut créer le glissement de terrain électoral qui brisera une fois pour toutes la social-démocratie. En Flandre aussi, il n’y a qu’une seule coalition susceptible d’en finir avec l’ancien régime : une alliance du VLD, du Vlaams Blok et du monde catholique conservateur. »
L’article de Nucleus n’a guère de suite. L’idée percole néanmoins. Avant de ressurgir en 2007, défendue notamment par Bruno Valkeniers. Fidèle au pedigree familial (son oncle Jef Valkeniers a été député Volksunie), cet homme d’affaires a milité dans ses jeunes années au KVHV, le cercle des étudiants flamingants et catholiques. Un temps affilié au Vlaams Blok, il s’est éloigné de la politique pour se concentrer sur ses fonctions managériales dans des sociétés actives au port d’Anvers. Il se verrait bien en Berlusconi à la flamande. En 2008, il est élu président du Vlaams Belang, le nouveau nom du Vlaams Blok condamné pour racisme en 2000. Valkeniers veut désencercler son parti, lui ouvrir les portes du pouvoir. Il réactive l’ancien fantasme : un regroupement de toutes les forces antibelges et anti-gauche.
Ses manœuvres resteront à l’état gazeux. Forza Flandria n’est qu’un fantôme. « Mettez deux partis flamands ensemble, vous avez trois disputes, quatre exclusions, cinq dissidences. Le narcissisme des petites différences, c’est un peu la problématique de Forza Flandria », se désole aujourd’hui le député nationaliste Jean-Marie Dedecker, qui fut partie prenante de ces tractations.
1936 – La concentration restée lettre morte
Notion floue, au contenu variable, Forza Flandria se caractérise néanmoins par deux constantes : une porosité entre la droite et l’extrême droite ; un projet d’alliance transpartisane dans une perspective nationaliste, ou au minimum autonomiste. L’idée existait avant même que le vocable n’apparaisse, comme le note l’historien flamand Olivier Boehme. « Forza Flandria, c’est une expression bâtarde, une construction artificielle, mais c’est une idée aux racines très anciennes. Ses origines remontent à l’entre-deux-guerres. » Après l’armistice de 1918, naît l’idée d’une vlaamsche concentratie, comme on l’orthographie à l’époque : une concentration des forces proflamandes. Mais qui inclure ? Les flamingants sont disséminés entre socialistes, libéraux et sociaux-chrétiens, aux idéologies antagonistes. « C’est un rêve qui va surtout vivre à droite. Et il peut se résumer comme suit : on serait quand même plus forts si on se mettait tous ensemble. »
L’accord de coopération entre le Katholieke Vlaamsche Volkspartij et le Vlaamsch Nationaal Verbond est un tournant. Le texte est signé le 8 décembre 1936 par Gaston Eyskens au nom du KVV, par Hendrik Borginon et Hendrik Elias pour le VNV. Il revendique un « statut de droit public pour la communauté flamande ». Rétrospectivement, on s’étonne de trouver le nom d’Eyskens, par trois fois Premier ministre entre 1949 et 1973, associé au VNV séparatiste, aux nombreux éléments pronazis. « Gaston Eyskens écrira dans ses Mémoires qu’avec cet accord, il espérait intégrer l’aile modérée du VNV dans le système démocratique. Ça s’est avéré illusoire. Et ça préfigurait en un sens le débat actuel sur le cordon sanitaire », observe Olivier Boehme. L’épisode annonce aussi les futures divergences internes au Vlaams Blok : par ce mouvement vers le centre, l’aile modérée du VNV espère se rendre « fréquentable » et exercer le pouvoir, contre l’avis des secteurs les plus extrêmes du parti. Mais l’accord de 1936 ne sera jamais appliqué. « Pourquoi ? Parce que le VNV était trop fasciste aussi bien pour l’Église que pour le Mouvement ouvrier chrétien. Ce sont les évêques et les syndicalistes qui ont ensemble fait chavirer l’accord. »
1966 – Naissance du nationalisme économique
C’est une césure dont on ne mesurera l’importance que bien plus tard. En 1966, le PIB par habitant de la Flandre dépasse pour la première fois celui de la Wallonie. Au nord du pays, une idée germe dans les milieux entrepreneuriaux : la Flandre doit fixer ses propres priorités, sans se laisser ralentir par les francophones. Vaast Leysen est l’homme clé de ce monde-là. Il a étudié au Sint-Lievenscollege, une école anversoise connue pour la tonalité nationaliste de son enseignement. Elle a été créée par Lieven Gevaert, patron d’un laboratoire photo qui deviendra la société Agfa-Gevaert et premier président du Vlaams Economisch Verbond (VEV), principale organisation patronale flamande. Vaast Leysen, lui aussi, sera président du VEV, matrice de l’actuel Voka. Et il est derrière le Financieel-Economische Tijd (actuel De Tijd), le journal fondé en 1968 à l’initiative du VEV.
C’est une décennie où la Flandre, forte de sa nouvelle prospérité, s’autonomise sur tous les plans : économique, médiatique, politique. En 1968, le CVP-PSC se scinde en deux partis distincts. Chacun sa route. Trois ans plus tôt, un jeune avocat d’affaires que l’on désignera bientôt comme le « Kennedy flamand » a été élu pour la première fois député : Hugo Schiltz. Il porte les couleurs de la Volksunie, le parti nationaliste flamand créé en 1955, qui couvre un large spectre, du centre gauche à l’extrême droite.
Directeur de la banque anversoise Van Breda, emblème de la Flandre qui gagne, Vaast Leysen se tient à l’écart de la politique partisane. De sensibilité flamingante, il organise dans les années 1970 plusieurs rencontres secrètes qui ont pour but de rapprocher le CVP et la Volksunie. Il entretient des contacts suivis avec les chrétiens-démocrates Léo Tindemans et Wilfried Martens. Mais ses manœuvres n’aboutiront pas.
« Ce que Leysen a sous-estimé, c’est la rancœur qui existe entre les catholiques flamingants, comme Wilfried Martens, et les nationalistes purs et durs », analyse Rik Van Cauwelaert, ancien rédacteur en chef du magazine Knack. Cette hostilité séculaire, mille fois recuite, continuerait d’ailleurs de produire ses effets. « On le voit aujourd’hui encore quand Bart De Wever parle du CD&V. L’animosité est palpable. Il a encore dit récemment que c’est un parti qui devait disparaître. C’est une vieille querelle qui date de la Première Guerre mondiale. Le fait que certains flamingants ont collaboré avec l’occupant allemand, ça a envenimé les relations dans le Mouvement flamand. En retour, les nationalistes ont commencé à dire que les catholiques comme Frans Van Cauwelaert étaient des “minimalistes”, adeptes des petits pas. » Divergences de méthode et de style. Accointances sur l’objectif : construire l’autonomie flamande la plus large possible. Frans Van Cauwelaert lui-même ne lança-t-il pas une formule qui a fait florès ? Met België als het kan, zonder België als het moet. Avec la Belgique si possible, sans la Belgique s’il le faut.
1991 – Verhofstadt contre la « maladie belge »
C’est « la première tentative sérieuse » de constituer un rassemblement de type Forza Flandria, à en croire Eric Van de Casteele, professeur à la haute-école Artevelde (Gand) et auteur d’une biographie d’Hugo Schiltz à paraître. Les tractations s’étalent sur plusieurs mois. À la manœuvre : Guy Verhofstadt, jeune et fringant président du PVV, le parti libéral néerlandophone. Dans l’opposition, il se profile comme un Flamand intraitable et dénonce dans son Burgermanifest (Manifeste citoyen) la « maladie belge ». « Son plan, détaille Eric Van de Casteele, c’était d’amalgamer au PVV les franges droites du CVP, de la Volksunie et éventuellement certains élus Vlaams Blok jugés compatibles, comme Gerolf Annemans. Le but était de briser le leadership du CVP. »
Un certain Paul Belien, journaliste à la Gazet van Antwerpen, chroniqueur de Nucleus et mari d’Alexandra Colen, future députée Vlaams Blok, joue en coulisses un rôle actif. Le 20 février 1991, il reçoit la visite du professeur gantois Boudewijn Bouckaert, conseiller politique de Verhofstadt. Celui-ci met Belien au parfum de l’opération d’élargissement que mitonne son patron, et lui dit être à la recherche de catholiques conservateurs prêts à se joindre à l’aventure. Cinq mois plus tard, Paul Belien signe un article provocateur dans Nucleus. Extrait : « Les conservateurs en Flandre sont divisés entre le CVP, le PVV, la Volksunie et le Vlaams Blok. On trouve dans chacune de ces formations des personnes qui se sentiraient parfaitement à l’aise au sein de la CDU allemande ou des Tories britanniques. Bien que les conservateurs soient majoritaires en Flandre, ils ne sont jamais en mesure de traduire politiquement leur suprématie. » Pour que celle-ci advienne, il faudrait « une sorte de CDU flamande », estime Paul Belien.
Verhofstadt lui-même a confié à Paul Belien et quelques proches ce qu’il avait en tête : « un parti captant 30 à 35 % des voix, en phase avec le volksaard, défenseur du libre marché et capable de faire contrepoids à Spitaels ». Paul Belien est si interloqué qu’il le mentionne dans son carnet : « Ça fait deux fois que j’entends Verhofstadt parler de volksaard. » Phraséologie aux accents nationalistes… Belien consigne au jour le jour l’évolution des tractations. « Verhofstadt m’a demandé si Gerolf Annemans ne serait pas disposé à s’ajouter à la liste des transfuges possibles », écrit-il dans ses notes. La requête surprend à un moment où le cordon sanitaire existe déjà. En 1989, les représentants des quatre principaux partis flamands (CVP, PVV, Agalev, Volksunie) ont signé un engagement à ne jamais s’allier avec l’extrême droite.
Sur la suggestion de Verhofstadt, un groupe de réflexion est formé sous la présidence de Lode Claes. Il s’installe dans la bibliothèque de la Fondation universitaire, rue d’Egmont à Bruxelles, le 1er octobre 1991. D’où son nom : le 1‑Oktobergroep. Lode Claes en théorise le socle comme un triangle : « Nous défendons le libre marché sur un plan socio-économique ; les valeurs occidentales sur un plan philosophique ; l’intérêt flamand sur un plan communautaire. »
Personnage au parcours tortueux que ce Lode Claes. Condamné en 1944 à quinze ans de prison pour faits de collaboration pendant la guerre, il a notamment travaillé en cheville avec Hendrik Borginon, l’un des leaders du VNV. Après le recouvrement de ses droits politiques, Lode Claes devient sénateur Volksunie. En désaccord avec Hugo Schiltz, il quitte le parti et fonde le Vlaamse Volkspartij (VVP). Celui-ci se présente aux élections de 1978 en cartel avec le Vlaamse Nationale Partij (VNP), une autre dissidence de la Volksunie. VVP et VNP fusionnent sous une bannière nouvelle : le Vlaams Blok. Non élu en 1978, Lode Claes devient directeur de l’hebdomadaire Trends, un magistère d’influence.
« Lode Claes évoluait dans le même monde qu’Hugo Schiltz, la couche supérieure de la population anversoise, très cultivée, situe Rik Van Cauwelaert. Après la guerre, il a travaillé pour la banque Lambert. La direction le prend à bord pour les contacts qu’il a dans le monde entrepreneurial flamand. C’est notamment grâce à Lode Claes que les De Nolf ont pu construire la firme Roularta, éditrice de Knack et de Trends, grâce à des emprunts via la banque Lambert. Lode Claes est resté un ami de la famille De Nolf jusqu’à la fin de ses jours. Et ce qu’il a fait pour Roularta, il l’a fait aussi pour un tas d’autres petites entreprises flamandes. Parallèlement, il demeurait un sympathisant des idées d’ordre nouveau… En matière d’économie, c’ était un libéral comme Verhofstadt. C’est assez logique que ce dernier ait pensé à lui au moment d’étendre le PVV. »
Guy Verhofstadt, qui a d’abord avancé en solo, finit par aviser de ses démarches le bureau du PVV, qu’il réunit dans un restaurant de Woluwe-Saint-Lambert. Il distribue aux convives un document confidentiel, où les stratégies d’élargissement sont classées en trois volets : socialistes, nationalistes flamands et catholiques conservateurs. « Certains membres du bureau de parti sont horrifiés lorsqu’ils voient figurer dans le document le nom de Gerolf Annemans, député du Vlaams Blok », révéleront plus tard Olivier Mouton et Boudewijn Vanpeteghem, auteurs de Numero uno, une biographie de Verhofstadt parue en 2003.
Les tentatives d’approche du PVV vis-à-vis de la Volksunie patinent. Dès le 28 mars 1991, des délégations des deux partis se sont réunies au restaurant De Bouverie à Gavere. Premier round sans lendemain. Les nationalistes flamands ne sont pas prêts à se dissoudre dans un conglomérat mal défini. Le traumatisme du « dimanche noir » change la donne. Aux élections du 24 novembre 1991, la Volksunie passe sous les 10 %, devancée par les frères ennemis du Vlaams Blok. Jaak Gabriëls, président du parti nationaliste, est sous le choc. Le 3 janvier 1992, il rencontre Verhofstadt et se dit prêt à bouger. Quand l’objet du rendez-vous est dévoilé, la Volksunie s’entredéchire. Constatant qu’il n’est pas suivi, Jaak Gabriëls quitte la présidence. En août 1992, il rejoint le PVV, emmenant avec lui d’autres personnalités nationalistes, comme André Geens et Bart Somers, et un peu plus tard Jef Valkeniers et Hugo Coveliers.
Le grand show s’étale du 12 au 15 novembre 1992 à Anvers. Lors de ce congrès fondateur, le sigle PVV est abandonné pour laisser place au VLD, dont les initiales signifient « flamand, libéral et démocrate ». Mais le bagout de Verhofstadt masque mal un échec : hormis quelques transfuges isolés, il n’a réussi à rallier ni la Volksunie, ni la frange droite du CVP. Quant à Lode Claes, il choisit finalement de ne pas adhérer au VLD. Peut-être pour ne pas y retrouver ces nationalistes modérés, type Gabriëls, à qui il a tourné le dos en quittant la Volksunie pour le Vlaams Blok en 1978… S’il reste au balcon, Lode Claes n’en soutient pas moins l’opération. Et dans le magazine Trends, dont il préside toujours le comité de rédaction, l’éditorial salue « une époque nouvelle qui commence », pas moins.
Pour le reste, plus de trente ans après les faits, il reste difficile de savoir ce qui s’est tramé en coulisses. « Le gros poisson que Verhofstadt voulait, c’était Hugo Schiltz, relate Rik Van Cauwelaert. Il savait que si Schiltz venait, le reste allait suivre. Hugo Schiltz lui-même a hésité. Je me souviens qu’au congrès fondateur du VLD, la rumeur courait : Schiltz va venir… Schiltz n’est pas venu. » Les raisons de cette absence ? « Schiltz ne voulait pas quitter son parti et il voyait qu’une grande partie de ses troupes n’étaient pas disposées à s’arrimer au VLD, avance Eric Van de Casteele. Il envisageait éventuellement d’intégrer la Volksunie dans un ensemble plus large, mais à condition que ce soit une collaboration entre partis et non une collection d’individus. »
Quant à Gerolf Annemans, après avoir été journaliste (notamment pour Trends) et chef de groupe du Vlaams Blok à la Chambre, il poursuit aujourd’hui sa carrière au Parlement européen, tout comme Verhofstadt. « À l’époque, comme beaucoup de nationalistes, je me retrouvais assez bien dans son analyse, commente-t-il. Un jour, il m’a téléphoné, mais pour moi, sa proposition était inconcevable. Je venais d’engranger une victoire éclatante avec le Vlaams Blok en 1991, je n’avais aucune raison de changer de crémerie. »
1999 – Front élargi autour des cinq résolutions
Moment décisif. Le 3 mars 1999, le parlement flamand vote cinq résolutions qui sont autant d’exigences en vue d’une réforme de l’État maximaliste. Avec le recul, deux éléments frappent. Primo : la radicalité du cahier revendicatif, qui inclut l’autonomie fiscale pour la Flandre, la scission des soins de santé, une kyrielle de transferts de compétences… Secundo : la très large majorité avec laquelle les cinq résolutions sont approuvées. La Volksunie, mais aussi le CVP et le VLD, votent comme un seul homme l’intégralité du menu. Les députés du SP.A en votent quatre sur cinq, s’abstenant seulement sur la scission des soins de santé. Cette dernière résolution (intitulée « des blocs de compétences homogènes ») reçoit 70 voix sur 106. Les quatre autres sont soutenues par 92 à 98 voix. Les écologistes d’Agalev s’abstiennent mais ne votent pas contre. Et le Vlaams Blok ? Après avoir annoncé dans un premier temps qu’il soutiendrait les résolutions, il quitte l’hémicycle au moment du vote : manière de dire qu’il faut en finir avec la Belgique, et non l’aménager. Ce faisant, comme le note le journaliste Mark Deweerdt dans De Tijd, les élus d’extrême droite rendent un grand service à leurs collègues : « Pas de parfum xénophobe sur ce large consensus. Les Wallons ne pourront pas pousser les autres partis flamands dans le maudit petit coin séparatiste du Blok. » Frappant aussi : le Premier ministre Jean-Luc Dehaene (CVP) a fait savoir qu’il désapprouvait le principe de ces résolutions, ce qui n’a pas suffi à calmer les ardeurs du parlement flamand.
Quelques jours à peine avant le vote, pourtant, l’incertitude demeurait totale. Le degré d’assentiment aux cinq résolutions faisait l’objet de toutes les conjonctures. Le ministre-président Luc Van den Brande (CVP) et le président du parlement Johan Sauwens (Volksunie) ont célébré l’issue des débats comme une apothéose.
Côté francophone, mais aussi parmi les élus flamands qui siègent au niveau fédéral, ce vote est vécu comme une déflagration. Si les réformes de l’État de 2001 et 2011 concrétiseront par la suite une partie des cinq résolutions, de nombreux points n’ont jamais été mis en œuvre. Ce qui montre combien était dense la liste des doléances votée en 1999. Et à quel point la demande flamande d’autonomie reste, pour une bonne part, inassouvie.
2004 – Un cartel pour le confédéralisme
L’avocat anversois Fons Borginon devient en janvier 2001 le président de la Volksunie. Son grand-père, Hendrik Borginon, mobilisé sur le front de l’Yser en 1914 – 1918, faisait circuler des feuillets clandestins parmi les soldats flamands ; il signa en 1936, au nom du VNV, l’un des signataires de l’accord de coopération avec les catholiques du KVV. Fons prolonge la lignée. Et d’une certaine manière, il l’achève. En septembre 2001, la Volksunie épuisée par les querelles intestines s’autodissout. Fons Borginon éteint l’interrupteur, puis s’en va rejoindre le VLD, où il retrouve certains de ses anciens camarades nationalistes (Gabriëls, Somers, Coveliers…). Le reste de la Volksunie essaime aux quatre vents, ses élus trouvant asile qui au SP.A, qui au CD&V, qui chez Groen.
Une minorité de membres, les plus intransigeants, se regroupe au sein de la Nieuw-Vlaamse Alliantie (N‑VA). Article 1 des statuts : l’indépendance de la Flandre. Premier test électoral en 2003, échec cuisant : Geert Bourgeois est l’unique député élu. Réalistes, les dirigeants de la N‑VA négocient un adossement au CD&V, nouveau sigle du CVP, avec un V qui ne signifie plus volks (populaire) mais Vlaams (flamand), tout un programme. Ce que Vaast Leysen n’avait pu réaliser trois décennies plus tôt se matérialise : voilà les chrétiens-démocrates et les nationalistes réunis au sein du Vlaams cartel, le cartel flamand. Objectif déclaré, assumé : faire basculer la Belgique dans le conservatisme.
2005 – La dernière tentative d’Hugo Schiltz
Personnage complexe. Hugo Schiltz était un authentique séparatiste, favorable par principe à l’indépendance de la Flandre. Mais c’était aussi un homme de dialogue, qui soutiendra plusieurs accords avec les partis francophones : le pacte d’Egmont en 1979, à la grande fureur de Lode Claes et de Karel Dillen qui s’en iront fonder le Vlaams Blok ; la troisième réforme de l’État en 1988, à la grande fureur de Jan Jambon, qui quittera alors la Volksunie et ne reviendra en politique qu’après la création de la N‑VA ; les accords du Lambermont en 2001, à la grande fureur de Bart De Wever et de quelques radicaux qui mèneront à l’implosion de la Volksunie.
Complexe… Hugo Schiltz, leader historique de la Volksunie, fustigeait le caractère « totalitaire » du nationalisme façon N‑VA. Et ce même Hugo Schiltz, dans les dernières années de sa vie, reprit contact avec un Gerolf Annemans pourtant bien plus radical que De Wever et Jambon en vue de… De quoi au juste ? Eric Van de Casteele livre ses hypothèses : « Schiltz lui-même n’a jamais été partisan de Forza Flandria, mais en 2003, 2004, 2005, il enrageait devant le refus des francophones d’engager une nouvelle réforme de l’État. De là partait son analyse. Il voyait que, côté néerlandophone, aucune force n’était aussi puissante que le PS, et donc en mesure de forcer le PS à négocier une réforme de l’État. Schiltz constatait que 25 % des Flamands votaient Vlaams Belang et qu’on ne pouvait rien en faire. C’étaient des voix perdues pour mettre la pression sur le PS. Ça le frustrait énormément, et à partir de cette frustration, il cherchait un moyen d’agir. »
L’avocat d’affaires Paul Doevenspeck va jouer les go-between. Ancien associé d’Hugo Schiltz au sein de leur cabinet anversois, il s’est rapproché du Vlaams Belang. Il propose à Schiltz d’inviter Gerolf Annemans dans sa villa, pour un repas à trois. « On a parlé du cordon sanitaire, se souvient Annemans. Hugo Schiltz était un intellectuel. Il refusait l’idée d’affaiblir la Flandre avec ce cordon. Il cherchait un moyen d’en finir mais ne savait pas comment s’y prendre. » Quand la rencontre s’ébruitera, bien plus tard, d’aucuns s’interrogeront sur l’interprétation à lui donner. Annemans lui-même en relativise la portée : « Schiltz ne représentait que lui. Il n’était même plus élu. Ce n’étaient pas des négociations structurelles. Moi, j’avais tout de même prévenu le bureau de parti et j’étais mandaté pour mener cette discussion, mais ça n’allait pas plus loin. »
« Ce n’était qu’une conversation libre, sans engagement, insiste Eric Van de Casteele. Hugo Schiltz voulait peut-être explorer une piste, vérifier si certains modérés au Belang étaient disposés à bouger, voir si un certain poids politique pouvait être utilisable. Mais c’était une illusion, et Schiltz en était conscient. Tout comme aujourd’hui certains se demandent si Tom Van Grieken ou Barbara Pas pourraient rompre avec Filip Dewinter ou Dries Van Langenhove, les figures les plus extrêmes du parti. Mais cette rupture n’arrivera pas ! Cela me semble inenvisageable, surtout dans un système électoral proportionnel. »
2007 – Chacun dans son château fort
Évènement inédit : aux élections régionales de 2004, le Vlaams Belang devient le premier parti au parlement flamand, avec 32 sièges, surpassant le CD&V (29) et le VLD (25). La N‑VA, par la grâce du cartel conclu avec les chrétiens-démocrates, a obtenu six députés.
L’extrême droite est à son zénith, mais un glissement s’annonce. Les nouvelles stars de la cause flamande s’appellent Jean-Marie Dedecker et Bart De Wever. Le premier, avec une Lijst Dedecker (LDD) à sa gloire, dirige à la fin des années 2000 une petite armée : cinq députés fédéraux, huit députés flamands. L’ascension de Bart De Wever est concomitante. La N‑VA atteint bientôt des sommets jamais vus : 28 % des voix flamandes en 2010, 32 % en 2014. Le CD&V, ancien partenaire de cartel, mord la poussière. En parallèle, le Vlaams Belang ne cesse de décliner.
La trajectoire de Jean-Marie Dedecker est à elle seule un condensé des oscillations flamandes. Celui-ci a grandi dans un vlaamse nest, comme on dit dans les milieux nationalistes. Un nid flamand. Son frère a été échevin Volksunie à Middelkerke. Au moment d’entrer en politique, en 1999, l’ancien judoka choisit le VLD, séduit par le Burgermanifest de Verhofstadt. Sept ans plus tard, en rupture de ban chez les libéraux, il négocie son transfert à la N‑VA, mais l’aile gauche du CD&V, alors en cartel avec les nationalistes, bloque son arrivée. Dedecker n’a plus d’autre issue que le cavalier seul.
Pour la première fois depuis le « dimanche noir » de 1991, le Vlaams Belang est sur la défensive. Son président, Bruno Valkeniers, abat la carte de Forza Flandria. Le scénario : associer la N‑VA, la LDD et le Vlaams Belang, sous une forme à déterminer. L’argument marketing est rodé, mais ni De Wever ni Dedecker n’y prêtent attention. Convaincus de se trouver dans une phase ascendante, ils n’ont aucun intérêt à tendre la main à un Vlaams Belang qu’ils croient moribond. « En quelque sorte, je dois relativiser l’importance de Forza Flandria, indique Gerolf Annemans. Quand on en parlait, c’était plutôt un spielerei, comme on dit en allemand. Un artifice, un gadget. On savait que ça n’avait aucune chose de se réaliser. Chaque parti était dans son château fort, incapable d’en sortir. Mais comme spielerei, c’était très productif. »
De fait, l’expression Forza Flandria est reprise en chœur par les médias flamands. L’hypothèse agite les cénacles nationalistes. Boudewijn Bouckaert, à la barre du think tank libéral Nova Civitas, semble avoir fait de sa réalisation le projet d’une vie. C’est déjà lui qui avait initié la rencontre entre Guy Verhofstadt et Paul Belien en 1991. Élu député LDD en 2009, il multiplie les démarches pour agréger ce qu’il appelle les trois partis‑V (pour Vlaanderen), en opposition aux partis‑B (partisans de la Belgique).
De l’eau a depuis coulé sous les ponts de l’Escaut. Après une traversée du désert, Jean-Marie Dedecker est redevenu député fédéral en 2019, élu sur une liste N‑VA. Un grand drapeau flamand, avec un lion aux griffes noires, s’étend sur les murs de son bureau à la Chambre. Le teint hâlé par le soleil des Canaries, il jette un regard dépité sur Forza Flandria, la baudruche dégonflée : « J’ai moi-même participé à des rencontres, des clubs mais ça restait toujours trop théorique, trop intellectuel… Le cordon sanitaire a aussi contribué à tuer cette idée. Je suis à 100 % contre le cordon. Ça exclut la suprématie flamande. »
2019 – Sept semaines de négociations
Sept semaines d’une séquence qui eût été impensable sous la décennie précédente. Arrivés aux première et deuxième places des élections régionales, la N‑VA (24 %) et le Belang (18 %) négocient tout l’été 2019 la formation du gouvernement flamand. Peu importe au fond les arrière-pensées de Bart De Wever, le simple fait d’associer l’extrême droite à des pourparlers aussi officiels tient de l’inouï. Les activistes de la cause flamande, eux, exultent. Certains d’entre eux, qui ont passé une vie de militant dans la marginalité et l’opprobre, entrevoient enfin l’occasion de faire payer leur arrogance aux trado’s, comme on dit dans les cercles nationalistes. Dans une tribune publiée par Knack en juin 2019, Chris Janssens, l’un des trois négociateurs mandatés par le VB, en appelle au principe unitaire du samen uit, samen thuis (ensemble dehors, ensemble dedans) : « Se souvenant de l’idée de Forza Flandria, la N‑VA et le Vlaams Belang devraient maintenant adresser, épaule contre épaule, un ultimatum à l’Open VLD et au CD&V. »
Bien sûr, ces sept semaines de négociations n’étaient qu’un très long tour préliminaire. En bout de course, la N‑VA finira bien par s’allier aux chrétiens-démocrates et aux libéraux, laissant croupir le Belang dans l’opposition pour une législature supplémentaire. Mais une barrière mentale a cédé.
Le cordon sanitaire est sous pression comme jamais il ne l’a été depuis son instauration en 1989. En attestent la multiplication des cas tangents à l’échelle locale. Bart Laeremans est l’un d’eux. Lui aussi a « le pedigree », selon l’expression consacrée. Son grand-père fut sénateur Volksunie avant de migrer au Vlaams Blok. Son père a été vice-président de la Volksunie ; son frère, député Vlaams Belang. Bart Laeremans lui-même a été parlementaire VB de 1995 à 2014. En juin 2022, à la faveur d’un changement de majorité, il devient bourgmestre de Grimbergen, dans une coalition avec la N‑VA et le CD&V. Un mini-Forza Flandria aux portes de Bruxelles ? « C’est le premier bourgmestre d’extrême droite de ce pays depuis 1945 », s’insurge l’opposition. Bart Laeremans rétorque qu’il n’est plus membre du Belang, que sa liste est purement locale. « Je reste partisan d’une Flandre indépendante. Mais je me suis distancié de mon ancien parti parce que je ne voulais plus être associé aux provocations à répétition de certains. Je serai le bourgmestre de tous les habitants de Grimbergen sans discrimination. Je rejette le racisme. »
« L’exemple de Grimbergen pourrait en inspirer d’autres », avertit Jean-Marie Dedecker. Dans de nombreuses localités du pourtour anversois, à Boom, à Wilrijk, à Lier… les bourgmestres N‑VA seraient très tentés de présenter en 2024 des listes locales abritant en leur sein des Belangers.
2024 – La bataille anversoise
Retour, encore et toujours, à Anvers, nœud de toutes les intrigues et de tous les dilemmes nationalistes. Troisième étage d’un immeuble en bordure de ring. Assis derrière son bureau au bois vénérable, une canette de Coca sur le sous-main en cuir craquelé, Hugo Coveliers n’a guère changé depuis l’époque où Verhofstadt l’avait désigné comme le candidat des libéraux pour le mayorat d’Anvers. Costume et gilet, lunettes rondes, et ce bouc caractéristique qui lui mange tout le menton, et lui donne un air mi-inquiétant mi-comique. Encore un parcours typique : député Volksunie, transfert au VLD, cheville ouvrière du think tank Nova Civitas, fondation du micro-parti Vlott, et un dernier mandat au Sénat au sein du groupe Vlaams Belang. Malgré les zigzags, une cohérence totale : la cause flamande du premier au dernier jour.
Autant dire que Coveliers connaît par cœur la façon de penser nationaliste, dans ses multiples tonalités. Alors il déroule l’équation. « Pourquoi la N‑VA ne veut-elle pas s’allier au Belang ? Parce que De Wever veut conquérir le pouvoir fédéral en 2024, pour provoquer une réforme de l’État ou bien engager des réformes économiques. Et ça implique de se rendre acceptable par les francophones. Il sait naturellement que s’il forme un gouvernement flamand avec le Belang, ça le met hors jeu aux yeux du PS. »
Le problème, c’est que 2024 ne s’arrêtera pas en mai. Cinq mois à peine après le scrutin régional et fédéral, suivront en octobre les élections communales. En lice pour un troisième mandat de bourgmestre, Bart De Wever jouera gros. A fortiori si les scores de la N‑VA ne sont pas mirobolants en mai. La perte du mayorat d’Anvers prendrait alors des airs de catastrophe. Or, calcule Coveliers, « imaginons que le Belang fasse 25 % en mai, ça veut dire qu’il sera au moins à 30 ou 35 % à Anvers, où ses scores sont toujours supérieurs ». Comment De Wever pourra-t-il justifier à un tiers des électeurs anversois qu’il leur tourne le dos, alors qu’il convoitera leurs voix cinq mois plus tard ? « Posons qu’en mai 2024, on a le Vlaams Belang en tête et la N‑VA juste un peu plus petite, qu’à eux deux ils aient une majorité de sièges au parlement flamand, et que Bart choisisse malgré tout de gouverner avec le CD&V ou Vooruit. S’il fait ça, il sera sanctionné au niveau local, et il peut oublier le mayorat à Anvers. C’est un dilemme qui est difficilement soluble. »
L’échappatoire paraît déjà toute tracée. Bart De Wever pourrait garder le plus longtemps possible toutes les options ouvertes, quitte à laisser pourrir les négociations gouvernementales jusqu’à l’automne. Un choix, cependant, devra bien être posé, tôt ou tard. Au risque de déclencher une crise profonde à la N‑VA, comme celles qui avaient ébranlé la Volksunie en 1979, 1988 et 2001 ? « La grande victoire de Bart De Wever la décennie passée, c’est qu’il a presque vidé le Vlaams Belang », analyse Olivier Boehme. En 2014, l’extrême droite était redescendue à un niveau riquiqui : moins de 6 % des voix. « Naturellement, c’est une victoire à court terme, mais une dette à long terme. Ces électeurs venus du Belang ont des attentes… Cela mène à des tensions internes à la N‑VA. Certains pensent que, pour continuer à engranger les victoires, il faut satisfaire ces électeurs dans leurs attentes par rapport à l’immigration. D’autres estiment que non, sous peine de ressembler au Vlaams Belang. » Qu’en pense Bart De Wever lui-même ? « Il est historien. Il sait qu’un accord avec le Belang signifiera la fin de sa crédibilité politique. » Ses dernières déclarations jettent pourtant le trouble. Sciemment ? Dans une interview au Tijd, le président de la N‑VA a indiqué qu’une situation de blocage institutionnel était inévitable, et que la Belgique vivrait en 2024 ou 2029 son « moment Weimar », allusion cryptée à la république de Weimar en place en Allemagne de 1918 à 1933, régime instable auquel le coup d’État des nazis mettra fin. « Ce n’est pas seulement une comparaison insensée sur le plan historique… Une telle formule, dans la bouche de Bart De Wever, est performative. Il appelle clairement au chaos en 2024. Pour réaliser le confédéralisme coûte que coûte. On voit une sorte de panique chez lui… Ses expressions étranges trahissent le fait qu’il n’est pas immunisé contre la tentation de l’aventure. Mais je ne suis pas dans sa tête, naturellement. »
Pour s’extirper de sa position délicate, Bart De Wever a répété à plusieurs reprises sa solution : changer de mode de scrutin, en passant du système proportionnel au système majoritaire. Tiens, tiens, une vieille idée. Très à la mode au début des années 1990, quand des éminences grises phosphoraient sur l’émergence d’un grand parti libéral-conservateur flamand. « Bart De Wever a pour modèle la coalition allemande CDU-CSU, remarque Eric Van de Casteele. Et un système majoritaire favoriserait l’émergence d’un grand bloc de ce genre. » Dans ce schéma, les fractions les plus extrémistes du Belang seraient réduites à la marginalité, tandis que les autres devraient bon gré, mal gré rentrer dans le rang. Le CD&V et l’Open VLD, ou du moins leurs ailes droites, n’auraient eux non plus d’autre choix que de se fondre dans le nouvel ensemble, dont Bart De Wever serait bien sûr le leader incontesté.
Éternel réapparition du fantôme. Qui, pour l’heure, ressemble plutôt à une pirouette. Un spielerei, dirait-on outre-Rhin.